Le Martyre de saint Ovide

Jean-Baptiste JOUVENET
1690
265,8 x 176,6 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Dépôt de l'Etat en 1799

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Issu d’une illustre famille de peintres rouennais, Jean Jouvenet arrive à Paris en 1661 et rejoint l’atelier de Charles Le Brun. Il participe à ses côtés aux grands chantiers de décoration des résidences royales de la fin du XVIIe siècle : Saint- Germain-en-Laye, Les Tuileries et Versailles. Comme son maître Le Brun, il incarne cet art de cour brillant, nourri de références mythologiques et littéraires, qui sert admirablement le projet artistique de Louis XIV. Il reçoit par ailleurs de nombreuses commandes religieuses dont ce Saint Ovide. Commandé par la veuve du duc de Créquy, ambassadeur de France à Rome, pour orner l’autel de sa chapelle mortuaire dans l’église des Capucines, ce tableau relate le martyre de saint Ovide, dont le duc avait rapporté les reliques à Paris. Ces reliques connurent un succès considérable, mais dès 1691 on émit des doutes quant à leur authenticité. Saint Ovide était un centurion romain, issu d’une vieille famille sénatoriale, qui aurait été martyrisé au IVe siècle. L’artiste le montre ici occupant le centre exact de la composition en X, auréolé d’un halo de lumière, vêtu d’un ample manteau et recevant d’un ange la couronne et la palme du martyre. Les personnages, exprimant tour à tour l’extase, la foi, la douleur, l’effroi et la tristesse, tirent leurs expressions du répertoire des passions défini par Le Brun. Jouvenet emprunte d’ailleurs l’attitude de la pleureuse de gauche à sa Descente de Croix du musée des beaux-arts de Rennes. Le décor d’architecture qui structure la scène évoque la Rome antique. On reconnaît dans le fond le château Saint- Ange, ce qui place clairement cet épisode dans un contexte romain. Théâtralité des gestes, précision des détails historiques, équilibre des masses et harmonie savante des coloris font de Jouvenet un digne successeur de Le Brun. Ce tableau, saisi à la Révolution, dans l’église des Capucines, fait partie du fonds initial du musée de Grenoble, envoyé par l’État en 1799.

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