L'Ange Raphaël révèle sa véritable nature à Tobie et à sa famille et s'élève au ciel

Eustache LE SUEUR
1647
173 x 215 cm
Crédit photographique :
VILLE DE GRENOBLE / MUSÉE DE GRENOBLE-J.L. LACROIX
Acquisition :
Achat entre 1825 et 1830
Localisation :
SA08 - Salle 08

Voir sur navigart

Entré tout jeune dans l’atelier de Simon Vouet, alors premier peintre du roi, Le Sueur y reste près de dix ans et fait partie de ses proches. Il apprend le métier de peintre dans la manière sensuelle et baroque de son maître mais aussi celui de décorateur, ce qui lui vaudra par la suite de nombreuses commandes d’ensembles décoratifs pour des demeures privées. De 1645 à 1655, il réalise plusieurs décors profanes pour l’hôtel Lambert, mêlant boiseries sculptées et panneaux encastrés. C’est sur un sujet plus grave que Le Sueur entreprend en 1647 le décor de l’hôtel de Fieubet, nouvellement construit par Mansart près de l’Arsenal. L’ensemble du programme décoratif de la pièce du rez-dechaussée était en effet dédié à l’histoire de Tobie. Ce sujet biblique, emprunté à l’Ancien Testament, convenait parfaitement au « dévot » commanditaire, Gaspard de Fieubet, trésorier de l’épargne et conseiller d’État. Le tableau de Grenoble occupait le compartiment central du plafond de la salle, comprenant lambris, dessus de cheminée et bas-reliefs de bronze rehaussés d’or. Tobie, revenu à Ninive en compagnie de son père Tobit, aveugle, et de sa femme Sara, est escorté par un voyageur qui lui indique un moyen de guérir son père grâce au fiel du poisson. Le miracle accompli, ce voyageur, qui n’est autre que l’Ange Raphaël, révèle sa vraie nature au groupe, qui se prosterne pendant plusieurs heures. Le Sueur illustre précisément cet épisode, dans une contreplongée particulièrement adaptée pour un décor de plafond. Mais aux compositions de Vouet, d’une envolée lyrique et virevoltante propre au baroque, Le Sueur préfère une solution plus mesurée, servie par une perspective rigoureuse et privilégiant un point de vue unique. L’Ange, directement emprunté à la figure du Christ dans La Transfiguration de Raphaël de 1518-1520, ainsi que la composition claire et équilibrée, justifient pleinement le surnom donné à Le Sueur de « Raphaël français ».

Un autre regard

  • France / XVIIe siècle

    Au moment où l'Europe entre en pleine période de Contre Réforme, les tableaux religieux deviennent des supports de dévotion, mais aussi de persuasion.

Découvrez également...