Etude de têtes juxtaposées

Jacques-Louis DAVID
XVIIIe siècle
37,4 x 33,5 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Achat à Benjamin Rolland en 1847

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Ces dessins, entrés dans les collections sous le nom de David et considérés par la suite comme des copies, ont été publiés pour la première fois, comme originaux de l’artiste, en 2002 par Pierre Rosenberg et Louis-Antoine Prat. Ils peuvent être identifiés avec le lot 177 de la vente de Jean-Antoine Gros en 1835 : « Cinq têtes dessinées à la plume, guerriers, vieillards, femme suppliante ». Le montage des feuilles, toutes collées en plein, et l’annotation précisant leur attribution sont probablement de la main de Gros. Quatre autres études de têtes ayant également appartenus à ce dernier (collection privée) ont été publiées en 2002 par Rosenberg et Prat. Elles sont montées de la même façon et portent des annotations similaires[1] .
Ne correspondant à aucune composition connue du peintre, ces œuvres pourraient être, selon les auteurs précités, des copies inspirées des maîtres. Toutefois, si tel est le cas, les modèles n’en ont pas encore été identifiés. Hormis celles de la collection de Gros citées plus haut, d’autres feuilles peuvent être rapprochées de nos dessins par leur graphisme et leur technique. Citons par exemple les études de têtes à la plume conservées au musée de Picardie à Amiens[2] et à l’École nationale supérieure des beaux-arts à Paris. Le dessin de l’Ecole des beaux-arts, Étude pour une tête de pestiféré (ENSBA 729), se rattache directement à l’une des premières grandes toiles de David, Saint Roch intercédant auprès de la Vierge pour la guérison des pestiférés (1780, Marseille, musée des beaux-arts). A l’exemple du précédent dessin, tous ceux qui offrent le plus d’affinité avec celui de Grenoble se situent durant la période de formation de l’artiste. Pour cette raison, Rosenberg et Prat proposent une datation précoce pour nos études. Contrairement à ces derniers, Philippe Bordes voit dans ces croquis des créations plus tardives et les situe à la fin, lors de l’exil à Bruxelles[3] . Sans être catégorique, nous conservons ici une datation précoce pour ces dessins.
Nous signalons ici, en marge de ces quatre dessins, une feuille « davidienne » retrouvée dans les boîtes « vrac». Il s’agit d’une* Tête féminine*, inspirée d’une Aphrodite antique[4]. La technique graphique et l’air mélancolique du personnage nous ont conduit à comparer cette étude avec les dessins tardifs de David. Ces derniers sont en général plus petits et comportent toujours des annotations avec le nom de l’artiste, ce qui n’est pas le cas du dessin de Grenoble. La tête de notre Vénus peut également être rapprochée avec celle d’Andromaque dans Le Départ d’Hector [5] et à celle de Vénus dans Vénus blessée par Diomède vient se plaindre à Jupiter [6], deux compositions dessinées, conservées au Louvre et datées de 1812. Les arguments étant pour l’heure insuffisants pour attribuer ce dessin à David lui-même, nous pensons que cette feuille peut être pour le moment située dans l’entourage du maître à la fin de sa carrière.


[1] Rosenberg et Prat, 2002, I, n° 38bis, p. 61. Ces dessins présentent la même annotation attribuant les dessins à David mais cette fois sur trois des quatre feuilles au lieu d’une seule comme à Grenoble.
[2] Tête d’homme coiffé d’un turban, Amiens, musée de Picardie, M.P. 3098-641.
[3] « La stylisation de certaines têtes auraient pu suggérer une attribution à Jean-Baptiste Regnault ("Plusieurs têtes à la plume, croquis dans la manière de Baccio Bandinelli », sa vente après décès, 1er mars, 1830, n° 150), mais de nombreux rapprochements avec des dessins tardifs de David permettent simplement de proposer une autre date, vers 1819-1821… » (Bordes, 2004, p. 124-125).
[4] Pierre noire, H. 23,6 ; L. 18,2 cm. Fiche n° 288.
[5] Paris, Louvre, RF 1919, plume, encre noire, lavis gris et rehauts de blancs.
[6] Paris, Louvre, RF 1918, Plume, encre noire, lavis gris et rehauts de blancs, 1812.

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