Tourbillon

František KUPKA
vers 1923 - 1924
Huile sur toile
72,3 x 78,8 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Dépôt du Musée national d'art moderne en 1959.
Localisation :
SA30 - Salle 30

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L’œuvre et la pensée de Frantisek Kupka, pionnier de l’abstraction, reflètent d’emblée l’influence de son pays natal, la Bohême. Formé au dessin dans l’atelier d’un spécialiste de l’ornementation, Alois Studnicka, il s’intéresse très jeune aux arts décoratifs et aux théories de la couleur. À l’académie de Prague, l’artiste assimile la conception artistique des Nazaréens, fondée sur la transcendance et la contemplation. Vienne, la bouillonnante capitale de la Sécession où il s’installe en 1892, le sensibilise à l’interdépendance des arts plastiques et de la musique ainsi qu’à la psychanalyse naissante. Comme d’autres pionniers de l’abstraction, Kupka se passionne pour le spiritisme et les sciences occultes, mais c’est surtout la pensée symboliste du XIXe siècle qui innerve sa création alors qu’il s’installe à Paris en 1896. Comme celle de Mondrian, son abstraction trouve ses origines dans l’observation de la nature. Tourbillon appartient aux compositions abstraites des années 20. Travaillant dès 1906 en séries, adoptant les motifs récurrents de la verticale et de la spirale, l’artiste puise son inspiration autant du côté des sciences naturelles que de l’astronomie, de la théosophie ou des innovations cinématographiques. La fluidité des coups de pinceau comme les contrastes colorés, l’alternance des couleurs chaudes – le rouge et l’orangé – et froides – les verts et les bleus –, parviennent à donner rythme et vibration au motif spiralé. Si les formes curvilignes entrelacées rattachent Tourbillon à l’Art nouveau viennois, son déploiement rappelle tout autant l’imagerie scientifique relative à la vie organique, à la croissance des végétaux ainsi qu’au mouvement des astres. La composition en spirale évoque aussi la fleur de lotus, motif privilégié du peintre, qui se prend d’intérêt pour les philosophies orientales. Se faisant l’écho des travaux sur les mouvements concentriques de l’onde, Tourbillon pourrait enfin illustrer les vibrations lumineuses et sonores mises au jour par la physique moderne. Surnommé le Farbenmensch (« L’homme aux couleurs »), Kupka souhaite, par l’utilisation de la couleur pure, créer un plaisir analogue à celui de la musique et donner corps à une réalité nouvelle, expression de l’harmonie cosmique. Il expose ses théories en 1923 dans un ouvrage célèbre, La Création dans les arts plastiques.

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