Le chemin du Petit Séminaire - environs de Grenoble

Ernest Victor HAREUX
1892
142 x 242 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Achat en 1892
Achat à M. Baratier
Localisation :
SA21 - Salle 21

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Dans cette grande toile majestueuse, Ernest Hareux choisit de nous livrer une évocation très poétique d’un paysage enneigé au crépuscule. Les contours des montagnes du Vercors sont peu distincts ; seule la ligne de crête se détache sur un ciel aux couleurs délicates, d’un bleu vaporeux poudré de nuages rosés. Dans cette représentation de la campagne grenobloise, il est difficile de reconnaître ce qui sera plus tard un quartier urbain de la ville. Nous voyons uniquement quelques bâtiments épars : une ferme et les constructions massives du petit séminaire du Rondeau (actuel lycée Vaucanson). On remarque cependant des signes de l’urbanification naissante avec la présence de réverbères éclairés. D’autres détails pittoresques sont distillés comme les choux du potager, les arbres en espalier, les meules de foin… La composition est organisée classiquement en trois bandes horizontales. Quelques arbres au feuillage léger, animé par le vent, assurent de manière habile la transition entre les zones distinctes. Ernest Hareux est l’auteur d’un ouvrage à l’usage des artistes intitulé Les Arbres, leurs différentes essences, arbres forestiers, arbres de haute futaie (1902). Il décrit minutieusement, par de nombreux dessins, des arbres comme ici, étranges silhouettes décharnées qui s’élancent dans le ciel par-dessus les montagnes en donnant une profondeur remarquable. La masse pyramidale du Moucherotte avec les Trois Pucelles est équilibrée à droite par les bâtiments de la ferme. Le spectateur pénètre de manière dynamique dans le tableau en suivant les puissantes lignes obliques du chemin, des traces dans la neige et du fossé du canal d’irrigation. Elles convergent vers le point de fuite, habilement décalé et situé au centre des bâtiments éclairés du petit séminaire. Les personnages, Ernest Hareux et son ami l’abbé Guétal, conversent au milieu de l’allée boueuse. Nous pouvons imaginer qu’ils échangent des souvenirs ou quelques conseils avisés de peinture puisqu’ils sont tous les deux pédagogues et que l’abbé considère son ami comme son maître en peinture. L’effet crépusculaire ajoute du flou aux contours qui sont baignés d’une douce lumière. L’ensemble de la scène bénéficie d’une harmonie de tons bruns et blancs subtilement colorés. La neige, la terre et les flaques d’eau reprennent en écho les couleurs du ciel. Dans cette oeuvre au réalisme cher à l’artiste, on trouve cependant une mélancolie dont la source est peut-être à chercher dans la crainte de la disparition de son ami. Laurent Guétal, peintre et professeur au petit séminaire, était déjà malade et devait décéder quelques mois plus tard, en février 1892.
Cette oeuvre majeure dans la production de l’artiste est présentée au Salon de Paris en 1892 et aussitôt achetée par la Ville de Grenoble.

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