A cuca

TARSILA (Tarsila do AMARAL, dite)
1924
Huile sur toile
60,5 x 72,5 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Don de l'artiste à l'Etat en 1926
Dépôt au Musée de Grenoble en 1928

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Originaire de l’État de São Paulo, Tarsila do Amaral est issue d’une famille aisée et ouverte à la culture française. À 30 ans elle décide de devenir peintre. Entre 1920 et 1930, elle vit à Paris où elle complète son apprentissage auprès des post-cubistes Lhote, Gleizes et Léger, tout en séjournant à plusieurs reprises dans son pays. Durant cette période elle prend conscience de ses racines et les met en valeur à travers le langage avant-gardiste qu’elle vient de s’approprier. A Cuca illustre de façon remarquable cette synthèse entre culture ancestrale et modernité. Sur un fond constitué par l’étagement des bandes de couleur uniforme se détachent de solides volumes aux lignes courbes et aux formes modelées qui représentent un bestiaire étrange et une végétation luxuriante. La peinture est appliquée de façon très lisse et homogène. À cette qualité d’exécution correspond le choix des couleurs pures et vives qui, poussées au maximum de leur intensité, rappellent celle de la peinture populaire brésilienne. Jusqu’à la plus petite feuille, les éléments de ce paysage animé sont peints avec de subtils dégradés, parfois rehaussés d’un trait noir, toujours parfaitement délimités de façon à créer des formes simples, voire primitives. Ce langage plastique stylisé renforce le caractère irréel et énigmatique du sujet. Le titre, A Cuca, qui signifie « le croquemitaine », fait référence à une créature fantastique, mi-caïman, mi-femme, issue de contes pour enfants ; elle est accompagnée d’un tatou, d’un crapaud et d’un autre animal inventé. Ces bêtes étranges mais qui n’ont rien d’inquiétant évoluent dans une forêt où les feuilles des arbres et des plantes ont des formes de cœurs, de plumes ou d’ailes d’oiseaux. Cette vision idyllique de la nature n’est pas sans rappeler les peintures du Douanier Rousseau où la forêt vierge évoque le paradis perdu. Le cadre de style art déco, signé Pierre Legrain, souligne le caractère magico-exotique du sujet par la présence de cuir imitant la peau de serpent. Cette œuvre est la seule de cette artiste conservée dans les collections publiques françaises.

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