Quatuor II for Betsy Jolas

Joan MITCHELL
1976
Huile sur toile
279,4 x 680,7 cm
Acquisition :
Dation en 1995 au Musée national d'art moderne / Centre de création industrielle.
Dépôt au Musée de Grenoble en 1996.
Localisation :
SA38 - Salle 38

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Initiée très tôt à la peinture de Cézanne, Matisse et Van Gogh, Joan Mitchell se forme à l’Art Institute de Chicago entre 1944 et 1947. Assimilée à la seconde génération de l’expressionnisme abstrait (après la mort de Jackson Pollock en 1956), elle participe à l’émergence de la scène américaine en exposant à New York en 1951 avec Franz Kline, Willem De Kooning et Robert Motherwell. À partir des années 60, elle partage son temps entre la France et les États-Unis. D’abord en résidence à Paris, en 1968 elle s’installe définitivement à Vétheuil, en Val-d’Oise, un village marqué par la présence de Claude Monet. À l’instar du maître de l’impressionnisme, Joan Mitchell s’inspire des sensations ressenties au contact de la nature. Sa peinture se développe dans un registre à la fois abstrait et expressionniste, parfois qualifié d’« impressionnisme abstrait ». Dans le polyptyque Quatuor II for Betsy Jolas (1976), l’enchantement produit par la nature s’exprime à travers un sens inné de la matière picturale et une gestuelle saisissante. Sur les quatre panneaux que scandent des ruptures se déploie un vaste champ coloré. Rythmé de blanc, de vert tendre, de bleu outremer, de violet ou de vert de cadmium, l’espace est totalement investi par l’acte de peindre : la musicalité du geste se transforme en gerbes nouées, en empâtements épais, en coulures fluides… D’une grande vitalité mais toujours mesuré, le rapport physique entretenu avec la toile se cadence de quelques respirations. L’eau, la végétation et le ciel, évoqués poétiquement, se confondent avec luxuriance en un hommage à la compositrice Betsy Jolas, née à Paris en 1926. L’attrait de Joan Mitchell pour le caractère improvisé et intuitif de la peinture fait le lien avec la musique de Jolas, marquée par la vocalité et la place laissée au chant sans paroles. Ce Quatuor monumental traduit le « sentiment de la nature » cher à Joan Mitchell, cet état fusionnel qu’elle entretenait avec ce qu’elle nommait tendrement «ses mauvaises herbes».

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