Intérieur juif à Constantine

Théodore CHASSÉRIAU
1851
Huile sur bois
28 x 23 cm
Crédit photographique :
VILLE DE GRENOBLE / MUSÉE DE GRENOBLE-J.L. LACROIX
Acquisition :
Legs au musée du Louvre du Baron Arthur Chassériau, neveu de l'artiste, en 1934. Déposé au Musée de Grenoble à la demande du Baron en 1937.
Localisation :
SA16 - Salle 16

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Élève et ami d’Ingres dont il adopte la manière dans sa jeunesse, Chassériau est bientôt séduit par le romantisme de Delacroix et devient ainsi une figure singulière de l’art de son époque en tentant de réconcilier dans son œuvre ces deux extrêmes de la peinture : le goût de la ligne du premier et les séductions de la couleur du second. Son oeuvre, rigoureuse et sensuelle, est à la fois celle d’un portraitiste prolixe et fin psychologue, celle d’un décorateur accompli dans les chantiers de l’église Saint-Merri ou de la Cour des Comptes, et celle d’un peintre d’histoire illustrant des sujets religieux et littéraires. Ses plus belles réussites sont toutefois les tableaux aux thèmes orientalistes qu’il réalise à la suite de son voyage en Algérie. Invité en 1846 à Constantine par le calife Ali-ben-Hamet dont il avait fait le portrait à Paris l’année précédente, Chassériau découvre l’Orient qui le fascinait dans les tableaux de Delacroix : ses harems, ses belles femmes juives ou musulmanes aux costumes éclatants et ses cavaliers fougueux montés sur des chevaux arabes. Il multiplie sur place les croquis aquarellés, tentant d’une manière un peu naïve et fortement teintée du colonialisme de l’époque, de recueillir les mœurs, costumes et physionomies des différents « types d’indigènes ». C’est ainsi qu’il rapporte de nombreux dessins de Juifs et de Juives, dont il étudie les visages et les pièces de costumes dans un souci quasi ethnologique. Ce tableau figurant une famille de Juifs de Constantine, peint à son retour à Paris en 1851, a été préparé par deux dessins qui se trouvent au Louvre, l’un montrant le visage du vieillard assis à gauche, l’autre la mère juive tenant son enfant, dont il étudie surtout le drapé des étoffes et le tombé du voile sur les épaules. Cette scène de la vie quotidienne, véritable plongée dans l’intimité d’une maison constantinoise, est brossée d’un pinceau fluide et énergique qui fait scintiller les couleurs chaudes et briller les étoffes. Les regards, sombre du vieillard, fier et élégant de la femme aux yeux soulignés de khôl, confèrent à cette œuvre une atmosphère étrange, presque inquiétante.

Un autre regard

  • La nature morte et la peinture de genre au XIXe siècle

    C’est seulement au XIXe siècle que le terme « peinture de genre » prend son sens actuel concernant une catégorie picturale inspirée de scènes prises sur le vif et de sujets reflétant le spectacle de la culture et des mœurs.

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