Entretien avec Guy Tosatto

Depuis près de 20 ans à la tête du musée de Grenoble, Guy Tosatto mène la politique d'acquisition.

Comment envisagez-vous votre rôle en tant que responsable des collections et des acquisitions ?

On ne le dira jamais assez, un musée se définit d'abord par ses collections. La mission première du conservateur est de veiller à la bonne conservation des œuvres qu'il a sous sa responsabilité, à leur préservation mais aussi à l'enrichissement des collections. A l'heure du triomphe des interventions ponctuelles et des événements éphémères, la pérennité d'une collection, le socle historique qu'elle représente, paraissent plus que jamais le gage de l'inscription d'une action dans le temps, ce temps de l'observation et de la mise en perspective qui permet la constitution d'une mémoire collective, d'une culture commune.

Avez-vous des domaines privilégiés pour les acquisitions ?

Compte tenu du spectre très large des collections de Grenoble, les acquisitions peuvent aussi bien concerner l'art ancien, l'art moderne ou l'art contemporain. Elles permettent de combler quelques lacunes, et parfois de redynamiser certaines parties de la collection, notamment dans le domaine de l'art ancien. Par ailleurs, lorsque je présente une exposition consacrée à un artiste vivant, je m'attache à ce qu'une acquisition garde la trace, dans nos collections, de sa venue à Grenoble.

Compte-tenu des prix du marché de l'art aujourd'hui, disposez-vous du budget correspondant à vos ambitions ?

Le budget est, bien entendu, un critère essentiel dans la décision d'acquisition. Celui octroyé par la Ville de Grenoble est significatif et stable depuis plusieurs années, ce qui permet de maintenir une politique d'acquisition ambitieuse. Mais il reste modeste, compte tenu de l'inflation des prix que connaît le marché de l'art depuis plus d'une décennie. Toutefois, nous avons la chance de bénéficier, depuis 2010, de moyens supplémentaires grâce au mécénat. Et nous comptons sur cet apport financier, complémentaire de celui de la collectivité, pour acquérir des œuvres majeures.