Portrait de Benjamin Rolland

Anne-Louis GIRODET DE ROUSSY TRIOSON ou GIRODET-TRIOSON
1816
64 x 53 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Achat à Benjamin Rolland en 1847
Localisation :
SA15 - Salle 15

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Disciple de David, Anne-Louis Girodet-Trioson affirme son art entre les deux grands courants du XIXe siècle que sont le néo-classicisme et le romantisme. Ses peintures d’histoire sont souvent pourvues de caractéristiques romanesques tandis que ses portraits témoignent d’un vrai talent à saisir l’âme du modèle. Son Portrait de Benjamin Rolland, peint vraisemblablement à l’issue d’une rencontre des deux artistes chez un ami commun, Fortuné Dufaut, donne à voir, sur un fond brossé, un sujet au caractère affirmé. Benjamin Rolland, connu pour avoir été le second conservateur du musée de Grenoble et directeur de l’École de dessin de 1817 à 1853, a laissé le souvenir d’un homme « honnête, brave, peu spirituel […] brusque […] mais nullement méchant », comme en a témoigné Delécluze. Professeur des enfants Murat à Naples, de 1808 à 1814, c’est à son retour en France qu’il est nommé responsable de l’institution grenobloise. Il la servira avec un goût éclairé en acquérant notamment des œuvres de Champaigne, Véronèse, Canaletto, Tintoret. Ce portrait sur bois pour lequel Girodet a usé du frottis de façon à dégager la forme générale du modèle n’est pas sans rappeler les portraits de David datant de la période révolutionnaire. La rupture entre le fond blanc crémeux et le modèle projeté vers l’avant du tableau contribue à donner un relief particulier à ce dernier, qui capte l’attention du spectateur par la hardiesse de son regard. Dans cette réalisation, le peintre montre son adhésion aux canons du portrait davidien, réaliste et vif. La touche en zigzag qui dépeint de façon frémissante l’étoffe du manteau bronze et la chevelure blonde contrastent avec la finesse du traitement du visage. Les traits soulignés par une lumière qui laisse dans l’ombre la joue gauche affirment l’autorité du modèle, lequel fut parfois surnommé « Le furieux » par ses camarades d’atelier. Ce jeu subtil de la palette et de la touche donne une vie particulière à ce portrait que Rolland garda jusqu’en 1847, date à laquelle il le céda au musée avec deux dessins de David dont il avait lui-même été l’élève aux côtés de François- Marius Granet et Fleury-François Richard.

Un autre regard

  • Le portrait au XIXe siècle

    Le genre du portrait est particulièrement florissant dans l’art français au XIXe siècle. Les commanditaires changent et les artistes gagnent en indépendance.

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