L'Ordre rétabli dans les finances

Charles LE BRUN (attribué à)
XVIIe siècle
26,8 x 24,8 cm
Crédit photographique :
VILLE DE GRENOBLE / MUSÉE DE GRENOBLE-J.L. LACROIX
Acquisition :
Mode et date d'entrée inconnus (probablement collection L. Mesnard).

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Plusieurs feuilles figurent dans le fond grenoblois sous le nom de Charles Le Brun. Comme les dessins placés sous les noms prestigieux de Poussin, Callot ou Claude Lorrain, aucun des Le Brun ne semble pouvoir conserver son attribution au maître. Si certains ont depuis quelques années retrouvé leur auteur légitime (Boucher et Boullogne ), d’autres posent encore un problème d’identification. Citons par exemple le cas du Triomphe d’Hercule[1] , en rapport avec l’un des plafonds du château de Vaux-le-Vicomte, et dont le graphisme très appuyé laisse penser davantage à une copie. Au sein de cet ensemble, nous avons choisi de présenter ici un grand dessin inédit qui est à mettre en relation avec L’Ordre rétabli dans les finances, l’un des médaillons conçu par Charles Le Brun pour la voûte de la galerie des Glaces de Versailles (Inv. 2926[2]) .
La découverte du dessin de Grenoble, dont le statut demeure l’objet de questionnements, contribue à mieux faire comprendre la genèse de cette scène pour laquelle nous possédons désormais quatre dessins d’ensembles. Le musée du Louvre conserve le dessin définitif où toute la disposition est arrêtée (Inv. 29750/GM 5815) ainsi que le carton à échelle d’exécution (Inv. 29950) . Le dessin de Grenoble, ainsi qu’une autre feuille apparue en vente publique il y a quelques années [3], ont l’intérêt de montrer des étapes antérieures de la réflexion, à travers de nombreuses variantes par rapport au carton final.
Les médaillons de la galerie étant consacrés aux réformes du roi, Le Brun met en image ici celle des finances, initiée par Colbert dès les premières années du règne personnel de Louis XIV. Dans la composition définitive, le roi est assis, la main posée sur un gouvernail remis par l’allégorie de la France. La clef qu’il tient dans la main gauche souligne le contrôle personnel qu’il exerce sur les finances. Il s’agit également de l’un des attributs de la Fidélité qui se tient à ses côtés, accompagnée d’un chien. Elle évoque également le personnage de Colbert qui seconde le roi dans l’assainissement des finances. A l’arrière plan, la déesse de la sagesse Minerve poursuit des harpies, symbolisant les gens d’affaires dont les enrichissements personnels se faisaient aux dépens du trésor royal. Adaptée au format ovale du cadre, la composition met en scène de façon très claire les trois principaux personnages au premier plan.
La pleine attribution de ce dessin à Le Brun se heurte à une qualité d’exécution un peu brutale. Toutefois, rappelons que les premières pensées du peintre présentent parfois cette sécheresse. Enfin, le dessin, dont la composition présente de nombreuses modifications par rapport à la scène peinte, serait difficilement attribuable à un membre de l’atelier. Si l’œuvre était une reprise d’après Le Brun, il pourrait s’agir d’une copie d’un élève mais d’après un dessin du maître. Dans ce cas, l’œuvre conserverait son intérêt en nous transmettant l’une des premières idées de l’artiste pour la composition.


[1] MG D 632. H. 24.3 ; L. 51. Signalons également parmi les dessins anonymes français du XVIIIe siècle, le n° MGD 1599, Étude de personnage et de mains, sanguine, H. 22.3 ; L. 24.2. Ce dessin est une copie exacte de la partie supérieure d’une feuille de Le Brun, conservée aujourd’hui au Crocker Art Museum (Inv. 1871.421).
[2] Huile sur toile marouflée.
[3] Charles Le Brun, L'Ordre rétabli dans les finances, vente Paris, Drouot, Piasa, 17 juin 2005, n°40.

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