Le Cardinal de Richelieu, présenté par saint Bernard, dédicace une abbaye à la Vierge et à l'Enfant Jésus

Frédérique Lanoë a reconnu, dans cette légère esquisse à la sanguine, la main de Philippe de Champaigne et tout concourt, en effet, à donner au maître cette étude rapide et subtile qui donne une image à la fois plus riche et plus complète du dessinateur. Il s’agit ici d’une simple esquisse où l’artiste dispose ses figures et met en place ombres et lumières.
Le cardinal de Richelieu sous la protection d’un saint, que F. Lanoë propose d’identifier à saint Bernard à cause de l’habit qu’il porte, dédicace une abbaye à la Vierge et à l’Enfant Jésus en leur présentant une réduction de celle-ci. Richelieu porte ici le cordon de l’Ordre du Saint-Esprit qu’il a reçu le 14 mai 1633, la composition est donc postérieure à cette date. A sa mort le cardinal disposait d’une quinzaine d’abbayes, dont Redon, Saint-Benoît sur Loire, Saint-Martin de Tours, Saint-Riquier en Picardie, Marmoutiers, Cîteaux. A cause de la présence, d’une part, de saint Bernard et, d’autre part, de la Vierge à l’Enfant, il est tentant de rapprocher le dessin de l’abbaye de Notre Dame de Cîteaux dont Richelieu fut abbé de novembre 1635 jusqu’à son décès en décembre 1642, mais il n’est guère possible d’aller au-delà de cette hypothèse. On rappellera aussi que Richelieu fut un des grands commanditaires de Philippe de Champaigne dont il appréciait particulièrement la peinture.
On peut citer, pour ce type de composition, et bien que plus tardif, le dessin du musée du Louvre, La Bienheureuse Isabelle de France présentant la réduction d’une église à la Vierge à l’Enfant en rapport avec l’abbaye royale de Longchamp. Ce dessin est d’ailleurs désormais discuté entre Philippe et son neveu, Jean-Baptiste (Lanoë, 2009, p. 101, n°80 repr.).