Personnage au rectangle blanc

Joan MIRÓ
1928
108,3 x 72,3 cm
Crédit photographique :
VILLE DE GRENOBLE / MUSÉE DE GRENOBLE-J.L. LACROIX
Acquisition :
Don de M. Pierre Loeb en 1928

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Joan Miró élabore son univers poétique et fantastique à partir de 1923 au contact des écrivains et des artistes surréalistes. Sa période proprement surréaliste n'excède pas deux ans, entre 1925 et 1927, mais durant ce laps de temps, Miró laisse libre cours à l'invention et l'évocation d'un monde symbolique et merveilleux, créant ses Peintures de rêve ou Peintures oniriques. Ces toiles marquent une étape décisive dans son œuvre au moment où, selon ses dires, il se « dégage de toute convention picturale ». Sur de larges fonds monochromes apparaissent des signes et des formes insolites, puisés dans l'inconscient. Le dessin Personnage au rectangle blanc, daté de 1928, aussi énigmatique dans sa forme que descriptif dans son titre, s'inscrit en droite ligne de ces peintures oniriques. Sur fonds ocre, un personnage ambivalent mi-homme mi-animal, dessiné d'un trait volontaire, occupe tout l'espace de la composition. Le visage de profil présente un œil démesuré vu de face et, en guise de nez, un museau qui lui confère une allure de grotesque. Les épaules aux contours rectilignes sont flanquées de surfaces rectangulaires, l'une blanche, les autres noires, dont la présence est aussi étrange que celle du chiffre 5, calligraphié avec ses pleins et ses déliés. L'apparente spontanéité de l'œuvre est contredite par l'existence d'un dessin préparatoire, au crayon sur papier blanc (conservé à la Fondation Miró à Barcelone) qui consigne déjà tous les éléments de cette composition dont la forme n'est pas très éloignée de certains dessins automatiques des Surréalistes. Réalisé pendant une période de recherche intense, ce dessin révèle la tension qui s'exerce dans l'art de Miró, désireux « d'assassiner la peinture » sans la priver de ses qualités plastiques.

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