Portrait de Jacqueline Marval

Jules FLANDRIN (Jules-Léon FLANDRIN, dit)
1907
45 x 30,8 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Don de Mme Pascal, soeur de Jacqueline Marval, en 1934

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Né à Corenc, tout près de Grenoble, Jules Flandrin fait ses premières armes comme graveur avant de s’installer à Paris en octobre 1893 pour préparer son admission à l’École des beaux-arts. Il entre en 1895 dans l’atelier de Gustave Moreau où il fréquente la fine fleur artistique de ce qui formera le groupe des Fauves : Matisse, Marquet et Camoin… Cette même année, il rencontre Marie Vallet, une jeune couturière grenobloise qui prendra le nom de Jacqueline Marval lorsqu’elle commencera à peindre vers 1900. Elle sera sa compagne durant trente-cinq ans. En 1902, il participe à une exposition de groupe à la galerie Berthe Weil avec Matisse et Marquet, et à partir de 1906 il entre à la galerie Druet où ses oeuvres seront régulièrement présentées jusqu’à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Néanmoins, dès 1930, il vivra majoritairement à Grenoble et épousera en 1931 Henriette Deloras, elle-même peintre.
Bien qu’en contact avec les milieux les plus avant-gardistes du début du XXe siècle, Jules Flandrin restera toujours fidèle aux formes classiques de la peinture figurative et optera, à partir des années 1910, pour un fauvisme assagi, proche du style de Marquet et de Maurice Denis. Il recevra auparavant l’influence de l’impressionnisme et des Nabis qui lui donnera le goût des jeux de lumière, des aplats colorés et de la synthétisation des formes.
Ce beau portrait en buste de Jacqueline Marval illustre bien les qualités du peintre. Son sens de la couleur notamment qui le conduit à associer avec subtilité tons chauds et froids pour faire ressortir, tel qu’en un écrin, le fin visage de son modèle à la carnation nacrée. La délicatesse de sa touche aussi qui, à l’instar d’un pastelliste, multiplie les nuances de couleurs pour donner à cette figure une douce palpitation. Il l’anime également par quelques rehauts plus clairs comme autant d’éclats de lumière posés sur son front, son nez, son épaule. Jacqueline Marval apparaît ici tel un sphinx, à la fois mystérieuse et déterminée. Son regard insaisissable paraît fixer le spectateur sans le voir. Et par cette distance créée, il semble que ce soit moins la femme qui s’offre aux pinceaux de son amant que l’artiste peintre qui le toise, sûre de son talent, voire de sa supériorité.

[Cat. exp. Grenoble et ses artistes au XIXe siècle, musée de Grenoble, 2020]

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