Shadow and reflection I

Louise NEVELSON (Louise BERLIAWSKY, dit)
1966
273,5 x 430 x 65 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Achat à la Galerie Jeanne Bucher en 1969
Localisation :
SA47 - Salle 47

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Célébrée dans l’exposition du musée d’art moderne de New York (MoMA) consacré à l’assemblage (The Art of Assemblage, 1961), Louise Nevelson n’a pas dérogé à cette pratique dont elle est au XXe siècle l’une des grandes représentantes. Ayant quitté sa Russie natale pour les États-Unis en 1905, Nevelson conservera tout au long de sa carrière l’empreinte des premières années passées dans la fabrique de bois familiale du Maine. À la manière d’un Hans Arp ou d’un Kurt Schwitters, l’artiste commence par récupérer maints objets dans les rues de New York afin de réaliser, à partir de rebuts, ses premières sculptures aux allures de totem. À la fin des années 20, elle est étudiante à l’Art Student League, où elle suit l’enseignement de Kenneth Hayes Miller. Dans les années 30, elle poursuit sa formation auprès du peintre expressionniste Hans Hoffmann et assiste le muraliste mexicain Diego Rivera. De ces enseignements, son œuvre gardera doublement la trace : attachement à l’idée d’un art comme environnement d’une part et comme relation au sacré d’autre part. La sculpture précolombienne découverte en 1949 est également déterminante pour sa trajectoire. Il faudra toutefois attendre 1953 pour que son vocabulaire formel s’affirme pleinement. Apparaissent alors ses premières sculptures constituées de vestiges de mobilier associés à des modules élémentaires, unifiés par une peinture noire et mate. Sérialité et monochromie donnent corps, pour reprendre les termes de Nevelson, à un « monde de Géométrie et de Magie ». Shadow and Reflection I est un relief constitué de boîtes noires aux allures de reliquaire. Les boîtes et pièces de bois forment un puzzle constructif où la lumière et les ombres, les formes rondes et angulaires s’opposent dans un jeu subtil de rythmes élémentaires. Peints en noir, les bois d’épave et les rebuts rongés par le temps constituent ce que l’artiste nommait poétiquement son « architecture des ombres ». « Le noir est la plus aristocratique des couleurs », affirmait-elle également. Nevelson semble ainsi dresser les totems et les reliquaires d’une religion inconnue dont elle seule est l’instigatrice, conférant à ses travaux l’empreinte du sacré. « Noir, mat, peuplé de nuances d’ombres et de chocs de silences, enfermé sur lui-même pour […] donner à sa nuit le plus intense rayonnement, le monument dresse avec une sévérité fatale ses formes encloses. » (exposition Jeanne Bucher, 1969). Nevelson nous offre une œuvre multiple aux confins de l’art primitif, du constructivisme, de la profusion baroque et du mystère surréaliste. Passant du noir au blanc, du blanc à l’or, de l’or au plexiglas transparent et immatériel, l’artiste a démontré sa capacité à construire une autre réalité empreinte de spiritualité.

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