Femme nue assise dans un fauteuil

Félix VALLOTTON
1897
28 x 27,5 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Achat à la Galerie Hugette Bérès en 1975
Localisation :
SA23 - Salle 23

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Proche des nabis dans les années 1890, avec lesquels il collabore et expose à la Revue blanche, Félix Vallotton n’en développe pas moins un style très personnel. Dans cette même période il accomplit un remarquable travail de graveur et d’illustrateur, lequel exige de la concision tant dans l’art du récit que dans les moyens mis en œuvre. La pratique de la gravure joue alors sur sa peinture un rôle aussi important que l’esthétique nabie. La femme nue est un des thèmes dominants de l’œuvre de Vallotton. Profondément endormie, comme en témoigne la position du bras tombant le long du fauteuil et celle de la tête appuyée au dossier, la femme représentée ici est en situation de total abandon. L’espace clos et restreint qui la sépare de celui qui la regarde, le peintre comme le spectateur, la rend d’autant plus vulnérable et introduit un certain voyeurisme, cher à l’artiste. Le choix limité et arbitraire des couleurs, leur intensité chromatique et leur homogénéité, accrue par l’usage de l’aplat, ôtent toute temporalité à la scène. La netteté du découpage de ces aires colorées, comme la juxtaposition des tons voisins, le rouge du sol et celui du fauteuil, ainsi que le vert des murs, contrastent avec la représentation réaliste de la femme dénudée. Si Vallotton a recours à la couleur chair et à l’usage de la ligne pour dessiner tout à la fois le contour et le modelé du corps, il n’en respecte pas pour autant l’anatomie, comme le montre la déformation volontaire du thorax. La sinuosité de ce graphisme, empruntée aux nabis, tranche singulièrement avec la rectitude des bandes noires dessinées par la plinthe et celle des bords du cadre accroché au mur. La confrontation entre la présence humaine, incarnée dans un corps féminin alangui, et la froideur de son environnement est typique de l’art de Vallotton qui, à l’unité recherchée par les nabis, préfère la violence de l’expression.

Un autre regard

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