Intérieur

Les dessins de paysages composent un ensemble en soit au sein du fond grenoblois. Très nombreux (environ cinq cents feuilles) ils ont fait, pour le XVIIIe siècle français, l’objet d’une étude par Lionel Bergatto en 1994 et d’une exposition en 1997. Les attributions demeurent problématiques pour beaucoup de dessins et les anonymes sont encore nombreux^[1] . Les recherches précitées ont permis de confirmer et de rendre un certains nombre de dessins à Hubert Robert^[2] . Nous en présentons deux dans l’exposition. Le musée possède ainsi un bel ensemble de dessins de Robert qui offre une vue variée, aussi bien de sa technique graphique que de son approche du paysage^[3] .
Le présent dessin, qui n’est pas à proprement parler un paysage, est une belle démonstration de l’usage que fait Hubert Robert du pinceau et du lavis. Le motif, que l’on retrouve à plusieurs reprises dans l’œuvre de Robert, est inspiré d’une habitation troglodyte dont la force minérale est rendue par l’application contrastée du lavis brun. La composition est rythmée par des objets aux formes disproportionnées, comme le grand tonneau placé à droite. La prédilection de l’artiste pour les lieux pittoresques s’allie ici à un goût pour les masses rocheuses qui se vérifiera dans la nouvelle mise en scène que fera Hubert Robert du groupe de François Girardon, Le Bain d’Apollon, dans les jardins de Versailles.

^[1] Le musée possède un nombre important de petits dessins qui ne retrouveront probablement jamais leur juste attribution. Rappelons que la pratique du paysage connaît un important engouement au XVIIIe siècle parmi les amateurs, dont l’un des plus illustres est Desfriches (MG D 2454). Les séries, placées sous les noms de Chatelet, Vernet, Demarne, devront faire l’objet d’une révision critique comme cela a récemment été le cas pour les dessins de Boissieu (communication écrite de Marie-Félicie Perez à Jérôme Delaplanche, concernant les attributions de tous les dessins de Grenoble) et de Volaire (voir Beck-Saiello, 2010).
^[2] Le catalogue de Bergatto comprend 6 dessins de paysages de Robert (MG D 959, MG D 960, MG D 961, MG D 1376, MG D 2462, MG D 2696) et un septième qui lui est attribué (MG D 1379). N’y sont pas recensés les sujets divers comme le dessin présenté sous ce numéro.
^[3] Sanguine, plume, lavis, pierre noire, contre-épreuve retravaillée. Etudes de figures, paysages italien et français.