Three shelves, wine bottles

Tony CRAGG
1981
350 x 450 x 20,5 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Achat à la Galerie Crousel-Robelin-Bama en 1988

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Tony Cragg appartient, avec Bill Woodrow et Richard Deacon, à la génération de ces artistes qui dans les années 80 renouvellent complètement la sculpture anglaise, jusque-là dominée par l’abstraction d’Anthony Caro, en introduisant dans leurs œuvres une dimension critique et ironique. Ce sont les dérives de notre société de consommation que ces artistes tentent de dénoncer avec humour et poésie. Dans les œuvres de Cragg, l’objet industriel, devenu déchet et matériau de rebut, est récupéré et réinvesti en fonction de sa forme et de sa couleur pour retrouver une nouvelle vie. Bouteilles de plastique, jouets, chaussures, ustensiles de cuisine ou boîtes en carton, privés d’usage et abandonnés, sont collectés par l’artiste et disposés au sol ou au mur pour récréer des formes simples tels que cercles, croissants de lune ou cornes d’abondance, comme dans Horn _, de 1981, autre œuvre appartenant à la collection du musée de Grenoble. Dans _Three Shelves, Wine Bottles, datée de la même année, l’artiste a patiemment rassemblé des bouteilles en verre, de dimensions presque identiques et dans une gamme colorée allant du vert sombre au vert d’eau, pour les aligner sur des étagères dont l’inclinaison prononcée introduit un élément de surprise et d’incongruité dans cette installation presque ordinaire. Cet assemblage d’objets dessine au mur des lignes vertes, géométriques et abstraites, mais la fragilité du verre qui les compose vient mettre l’accent sur la question de leur équilibre impossible dans l’espace. Avec le recul du temps et leur obsolescence, ces bouteilles ordinaires, autrefois symboles de modernité industrielle, deviennent des fragments d’une archéologie du quotidien, témoignages d’une époque et d’un lieu donnés, à jamais disparus. À mi-chemin entre art minimal et Pop art, cette œuvre a acquis au fil des années la dimension d’une vanité contemporaine, dénonçant la vacuité d’une société dont les objets de consommation deviennent déchets à peine sortis des chaînes de fabrication.

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