Saint Jérôme écrivant

Jacques BLANCHARD
vers 1631 - 1632
114 x 77 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Achat à la Galerie Pardo en 1992
Localisation :
SA07 - Salle 07

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Surnommé « Le Titien français », Jacques Blanchard se forme en Italie comme la grande majorité des artistes français de son temps. Mais à la découverte de Rome, incontournable pour l’époque, Blanchard ajoute un séjour vénitien qui lui permet de se familiariser avec l’art raffiné et sensuel de Titien et de Véronèse. Dès son retour en France en 1629, il devient, sur la scène artistique parisienne du règne de Louis XIII, le grand rival de Vouet. Nommé peintre du roi en 1636, il meurt prématurément en 1638. Pendant les neuf années de sa carrière parisienne, il reçoit de nombreuses commandes de retables et de décors d’hôtels particuliers mais produit aussi un grand nombre d’œuvres religieuses de petit format, supports d’une dévotion privée. C’est le cas de ce tableau de Saint Jérôme, probablement réalisé dans les premières années de son retour à Paris, vers 1631. On y voit le saint, qui est un des Quatre docteurs de l’Église, occupé à rédiger sa traduction de la Bible en latin, la Vulgate, les yeux tournés vers le ciel. Un éclair de lumière divine perce l’épaisseur des ténèbres et vient inspirer son travail. Blanchard montre le lettré lors de sa retraite en Palestine, pauvrement installé dans le fond d’une grotte et simplement vêtu d’une étoffe de laine rouge. Figure de méditation et de renoncement au monde, saint Jérôme incarne aux yeux des gens de l’époque, comme son pendant féminin Madeleine, l’idée de la vanité des biens terrestres. Blanchard emprunte au modèle caravagesque le cadrage à mi-corps, le fond sombre et les détails réalistes qui mettent l’accent sur la déchéance de la chair. Mais la pâte onctueuse, la touche vibrante, presque mouchetée, et le coloris chaud sont un souvenir de la peinture vénitienne. Quant au visage du vieil homme, il n’est pas sans rappeler les vieillards de Jordaens, que Blanchard a pu voir à Venise mais aussi à Paris tant la leçon flamande est présente dans ces deux villes. En puisant à toutes ces sources, Blanchard parvient à nous faire sentir la profonde humanité de ce saint ermite, dans un langage à la fois robuste et sensuel.

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