Etude pour une figure d'homme assis, les jambes croisées, reprise de sa tête (?) ; profil d'homme en bas à droite (coupé)

Daniele CRESPI (attribué à)
XVIIe siècle
22,1 x 14,5 cm
Crédit photographique :
VILLE DE GRENOBLE / MUSÉE DE GRENOBLE-J.L. LACROIX
Acquisition :
Legs de M. Léonce Mesnard en 1890, entré au musée en 1902 (lot 3551 n°1512)

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L’ancienne attribution au peintre lombard Daniele Crespi peut être prise en compte. Il serait même possible qu’elle soit juste. L’œuvre graphique de Crespi ne comporte cependant guère de pièces de comparaison de nature stylistico- technique semblable, même si cinq études de figures dessinées à la pierre noire ou à la sanguine sont publiées dans le catalogue raisonné établi par N. Ward Neilson, lesquelles présentent quelques points communs. Leur tracé est néanmoins plus rectiligne alors que celui qui caractérise le dessin de Grenoble est constitué de très légères reprises hachant les contours. L’attribution eût été bien entendu facilitée si une peinture en rapport existait. Or, malheureusement, l’œuvre peint de Crespi ne comporte pas à cette heure de figure disposée selon les mêmes termes formels. Il est vrai qu’il s’agit certainement d’une primo-étude, qui a dû subir entre le trait des premières pensées et la pose des couleurs dans l’œuvre finale peinte, bien des modifications. Si ce cheminement est fort vraisemblable, il serait possible de dire que ce dessin prépare une figure d’évangéliste pensée au préalable comme une étude d’attitude. Aucun attribut permettant d’identifier un quelconque saint n’est en effet figuré : pas de symboles, ni de livres. Mais la pose, étudiée sûrement d’après un modèle vivant, correspond à une typologie particulière inhérente aux figures d’évangéliste peintes dans des pendentifs. Entre 1618 et 1621, au commencement de sa carrière de peintre indépendant, Crespi peint deux ensembles différents de fresques ornant des pendentifs de coupole comprenant ce type de figures. Le premier a été réalisé pour l’église milanaise de San Vittore al Corpo en 16182 ; le second, toujours à Milan, dans la chapelle Sacchi de l’église Sant’Eustorgio entre 1620 et 1621. Pour ce dernier ensemble, deux dessins préparatoires sont conservés aux Gallerie dell’Accademia à Venise. Le premier présente une suite de variantes à la plume et à l’encre brune pour la figure de saint Matthieu ; le deuxième a déjà été évoqué puisqu’il s’agit d’une étude de figure à la pierre noire, celle de saint Marc. Si le dessin de Grenoble devait s’insérer dans ce dossier génétique, il préparerait à coup sûr la figure de saint Matthieu tant les jeux de croisements de jambes et de contrapposto des bras sont semblables sur les deux supports. Le rapport avec les figures des pendentifs peintes dans l’église de San Vittore al Corpo est en revanche moins évident : le croisement des jambes concerne celles de saint Jean. Or ce saint est traditionnellement représenté jeune et imberbe, ce qui n’est pas le cas des traits qui caractérisent le personnage dessiné sur le dessin de Grenoble et qui correspondent à ceux d’un homme plutôt d’âge mûr. Ceci dit, Crespi a pu, au cours du processus d’étude, utiliser et échanger certaines des propositions formelles émises sur ce dessin. Enfin, un profil, coupé en son milieu par le haut, est dessiné en bas à droite. Son insertion ne présente pas de rapport avec la figure en pied. Il appartient vraisemblablement à un autre dossier génétique. On pourrait ainsi le rattacher à la figure d’un homme que l’on retrouve dans deux tableaux différents représentant, pour le premier, l’Adoration des Mages, pour le second, l’Adoration des bergers et datés des mêmes années (c. 1623-1625). Dans le premier tableau, il s’agit de la figure de saint Joseph; dans le second, de celle d’un berger. Nez busqué, front haut et dégarni, air sévère, tout se retrouve.

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