La Mort de la Vierge, d'après Carlo Saraceni

Luca GIORDANO
XVIIe siècle
Plume et encre noire, pierre noire sur papier beige à pans supérieurs coupés
19 x 25 cm
Crédit photographique :
VILLE DE GRENOBLE / MUSÉE DE GRENOBLE-J.L. LACROIX
Acquisition :
Legs de Léonce Mesnard en 1890, entré au musée en 1914 (lot 2942).

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Marco Chiarini (note manuscrite sur le montage) a reconnu que ce dessin, traditionnellement attribué à Giordano, dérivait probablement d’une œuvre de Carlo Saraceni. La source en est effectivement la Mort de la Vierge, grande pala verticale peinte par cet artiste à l’église Santa Maria della Scala, à Rome. De façon assez inhabituelle, et dans une démarche de synthèse visuelle efficace, le copiste a d’abord tracé à la plume, en les accentuant brièvement, les traits essentiels fixant les silhouettes les unes par rapport aux autres, pour ensuite indiquer par grandes hachures légères, à la pierre noire à peine appuyée, les plages d’ombre. Cette manière de copier est une particularité de Giordano. Par contraste, les zones où le papier est laissé en réserve font ressortir, avec un minimum de moyens, l’éclairage qui met en valeur les visages et les mains. Ce qui retient l’attention de Giordano dans ce tableau caravagesque, c’est en effet la gestuelle et le ténébrisme, qui prédominent chez Carlo Saraceni, un suiveur de Caravage. Comme l’a justement noté C. Loisel (op. cit.), le dessinateur transforme la perspective générale de l’original en éliminant toute la partie supérieure du tableau. Il réaménage la disposition des apôtres, en resserrant la composition de telle sorte que les figures se trouvent placées sur un même plan, à la manière d’un bas-relief. La notion de profondeur est pratiquement éliminée au profit d’une mise en valeur des gestes. La Vierge n’est pas traitée autrement que les apôtres : en cela, Giordano ne trahit pas Saraceni, car ce n’est pas sa mort qui est représentée, mais le transito.
Ce dessin fut certainement réalisé au cours du séjour à Rome, au début des années 1650. Il démontre la variété des intérêts du jeune artiste napolitain, à l’affût des sources d’inspiration les plus variées.

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