Paysage au bord d'un étang

Pierre PATEL
XVIIe siècle
Pierre noire, rehauts de craie blanche sur papier vergé chamois collé en plein
12,8 x 21,7 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Legs de Léonce Mesnard en 1890, entré au musée en 1902 (lot 3547, n°538).

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Anonyme lors de son entrée dans la collection, le dessin a été classé ensuite, par erreur, sous le nom de Pater. Il a été justement identifié par Pierre Rosenberg en 1987 et publié pour la première fois par Nathalie Coural en 2001 dans la monographie raisonnée consacrée à l’œuvre des paysagistes Pierre et Pierre-Antoine Patel.
L’art du paysage qui se développe en France dans les années 1630-1640 prend essentiellement modèle, dans un premier temps, sur les exemples venus du Nord et l’œuvre des Italiens de la Renaissance actifs à Fontainebleau. Dans les années 1650-1660, les artistes intègrent progressivement une nouvelle approche de la nature mêlant réalité et idéal, initiée à Rome par les Carrache et Poussin. Les émules de Poussin comme Sébastien Bourdon, Gaspard Dughet ou Francisque Millet adoptent pleinement le paysage classique et le développent de façon personnelle alors que d’autres peintres comme La Hyre, les Patel ou Henri Mauperché le mêlent à la tradition du paysage flamand.
Comme son contemporain Henri Mauperché, Pierre Patel met en scène dans de vastes paysages aux couleurs claires et précieuses, des ruines imaginaires et une multitude de motifs observés d’après nature. L’architecture est l’élément rigide et structurel de ses compositions et se trouve adoucie par un environnement végétal foisonnant et fort détaillé. Le tout est baigné par une lumière blanche souvent assez forte dont le point culminant se trouve dans le lointain, à l’exemple des tableaux du Lorrain. Ces paysages, dont émane une poésie délicate et précieuse, lointain souvenir du maniérisme bellifontain, sont particulièrement caractéristiques de la sensibilité des amateurs français durant les années 1640-1660.
Le dessin de Grenoble, daté par Nathalie Coural autour de 1650, se place dans la production de maturité de l’artiste, au moment où ce dernier exécute les paysages, aujourd’hui conservés au Louvre, destinés au lambris du cabinet de l’Amour de l’hôtel Lambert. Il collabore alors également avec Le Sueur dont il agrémente l’arrière plan des célèbres Muses (Paris, musée du Louvre) de beaux paysages clairs. La composition du dessin reprend un schéma fréquent chez le peintre : un vaste paysage en largeur dont un côté s’ouvre vers l’horizon. Du côté opposé, une architecture bordée d’arbres aux troncs fins, placée au second plan, souligne la perspective et crée une zone fermée et minérale. De petits personnages, esquissés de quelques traits, animent tels des insectes le premier plan. Les habituelles ruines antiques ont fait place ici à une maison à plusieurs étages dont la masse géométrique et verticale prend son assise sur un rocher irrégulier. La transition entre les masses s’effectue grâce à la végétation.

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