Etude de moine agenouillé, les mains croisées sur la poitrine

Bernardino CAMPI (attribué à)
XVIe siècle
Pierre noire, trait d'encadrement à la pierre noire, mise au carreau sur-jacente à la pierre noire sur papier vergé bleu
19,7 x 16,4 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Legs de Léonce Mesnard en 1890, entré au musée en 1902 (lot 3551, n°1449).

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L’ancrage de ce dessin dans l’aire crémonaise ne semble faire aucun doute. S’il fallait en établir la généalogie du côté de sa matière stylistique, il faudrait à la fois faire appel à Camillo Boccaccino et à Parmigianino, pour expliquer l’air quelque peu délicat des traits du visage. Or à Crémone, à cette époque (nous sommes certainement dans les années 1550-1560), seul un dessinateur comme Bernardino Campi peut dessiner de cette manière. Bernardino a en effet pieusement étudié la manière de Camillo dont on connaît l’imprégnation parmigianinesque. On sait qu’en 1544 tous deux étaient en contact et travaillaient ensemble. Campi va jusqu’à citer dans une de ses peintures représentant une Crucifixion (Fiesole, abbaye), une figure de Camillo peinte dans la fresque de l’Adultère à San Sigismondo. Tout comme dans un dessin conservé au Louvre, il reprend telle quelle la figure d’un saint Michel apparaissant dans une pala représentant la Vierge à l’Enfant avec ledit saint et le bienheureux Ambrogio Sansedoni (Crémone, Museo Civico). Et à la mort de Camillo, Bernardino acquiert son fonds de dessins comme le dit son biographe Alessandro Lamo: « il nostro Campi, chemolto bene conosceva l’eccellenza loro non guardò a spesa alcuna per averli (notre Campi qui connaissait très bien leur excellence ne regarda pas à la dépense pour les avoir) », ce qui explique qu’on retrouve dans son œuvre tant de citations formelles de Camillo. Certes, on pourrait nous rétorquer que cette analyse est avant tout un plaidoyer_ pro domo_ dressé pour appuyer notre proposition d’attribution. Car l’assignation de ce dessin à Bernardino n’est pas partagée. Giulio Bora juge ainsi que le dessin grenoblois est plutôt à mettre en parallèle avec deux feuilles conservées aux Uffizi considérées par la critique comme crémonaises et que Marco Tanzi laisse dans l’anonymat tout en les orientant vers le nom d’Antonio Campi4. Pour notre part, nous pensons que le maintien de l’attribution à Bernardino se justifie. Il est vrai que nous n’utilisons pas le même référent graphique que nous extrayons de l’oeuvre sûr de Bernardino. Ce référent est un dessin également conservé aux Uffizi et préparant la figure d’un saint5 pour une pala peinte en 1548 représentant La Vierge à l’Enfant entre trois saints (Crémone, Pinacoteca Civica). Si ce rapprochement est correct, cela voudrait dire que le dessin de Grenoble date des années de jeunesse de Bernardino. On espérait découvrir l’existence d’une figure peinte en rapport due à quelque Crémonais. Mais malheureusement, nous n’avons trouvé ni chez Bernardino, ni chez un autre peintre, un moine peint dans la même attitude.

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