Saint Grégoire

Bernardino POCCETTI (attribué à)
XVIe siècle
Pierre noire, pinceau et lavis d'encre brune sur papier vergé beige
40,7 x 25,6 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Legs de Léonce Mesnard en 1890, entré au musée en 1902 (lot 3544, n°1296).

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L’attribution de ce dessin n’est pas encore établie de manière certaine. Son ancrage géographique oscille entre trois pôles : Sienne (nous pensions le rattacher un moment à des dessins de technique comparable, dus à Antonio Nasini), Naples (on y a vu un air à la Giordano) et Florence. C’est ce dernier pôle que nous voudrions privilégier en avançant le nom de Bernardino Poccetti. Cette proposition prend cependant un air expérimental. Car rares sont les études de figure de Poccetti, conçues à la fois à la pierre noire pour la délinéation des contours et au lavis d’encre brune pour les contrastes d’ombre et de lumière. La quasi-totalité de ses figures sont en effet dessinées à la pierre noire ou à la sanguine. Quelques-unes sont réalisées conjointement à la sanguine et à la pierre noire mais cela concerne une phase tardive de sa production graphique. Un seul dessin à notre connaissance associe pierre noire et lavis. Il s’agit d’une étude de cartouche avec les armes des Médicis, flanquées des allégories de la Justice et de la Prudence[1]. Malgré l’emploi de médiums différents, toutes ces feuilles montrent des points communs dans le type physionomique adopté. Les figures sont ainsi massives et correctement proportionnées ; l’attention graphique qui y est portée dénote qu’elles ont été réalisées devant le modèle vivant. Ce caractère presque monumental des figures a souvent été rapproché des types physiques élaborés par Alessandro Allori qui, après la mort de Bronzino en 1 572 et de Vasari deux ans après, devient pour les jeunes peintres une référence, en concurrence avec Santi di Tito.
Il nous semble que l’on peut rapprocher le dessin de Grenoble de ces exemples. Nous en prendrons un en particulier. Il s’agit d’un dessin à la sanguine conservé au Getty, étudiant une figure d’homme assis, le bras droit légèrement tendu. Cette figure est imposante et elle est surtout finement dessinée dans les moindres détails physionomiques et vestimentaires, lesquels lui confèrent un effet de réel saisissant. La figure de saint Grégoire présente un air de similitude tant dans le hiératisme de la pose que dans la forme de certaines parties anatomiques, notamment les doigts très fins et relativement longs.
Cette mise en comparaison de deux œuvres de nature technique différente doit être prise avec précaution. Elle ne permet pas d’entériner une attribution. Elle permet seulement d’en proposer une.


[1] Ce dessin est conservé à Londres, Victoria & Albert Museum, inv. E.532-2 008.

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