Jeune homme jouant de la viole de gambe, reprise de l'instrument de musique

Etienne ou Stefano PARROCEL dit LE ROMAIN
XVIIIe siècle
Pierre noire, rehauts de craie blanche sur papier vergé chamois
48,1 x 38,6 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Legs de Léonce Mesnard en 1890, entré au musée en 1902 (lot 3547, n°469).

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Étienne Parrocel est né à Avignon, cité qui jusqu’à la Révolution appartenait aux États pontificaux. Issu d’une lignée de peintres, fils du peintre de batailles Ignace-Jacques Parrocel (1667-1722), formé par le frère chartreux Gabriel Imbert (selon Mariette) et par son oncle Pierre Parrocel (1670-1739), il s’installe à Rome en 1717 avec ce dernier. Il italianise alors son prénom en Stefano, reçoit le surnom de « Romain », devient membre de l’académie de Saint-Luc et reçoit de nombreuses commandes pour des églises romaines (Santa Maria in Monticelli, San Gregorio a Ponte Quattro Capi, Santa Maria in Trastevere, Santa Prassede, Santa Maria Maddalena, Santa Caterina da Siena). Sa romanité est consommée, ce qui ne l’empêche pas de travailler pour des églises des anciens États de l’Église (Ancône, Spolète, Narni) et pour des églises du midi de la France (église des Jésuites des Quatre-Langues à Marseille, deux tableaux d’autel pour la cathédrale de Carpentras). Ses dessins sont aujourd’hui mieux connus grâce à la réapparition d’une partie de son fonds d’atelier dispersée en 1968 en France puis en Grande-Bretagne et acquise par le musée des Beaux-Arts de Marseille (environ cent feuilles). Une trentaine de feuilles se trouvent au musée Calvet à Avignon grâce à la donation Puech.
Le dessin de Grenoble n’a pu être mis en relation avec un tableau précis. Il appartient néanmoins à son répertoire stylistique et formel, façonné au contact des manières de Carlo Maratti et de Charles Le Brun à travers lesquelles il forma son propre faire, grâce à son oncle qui passa deux fois dans l’atelier du peintre romain (et Étienne/Stefano eut l’occasion à Rome de parfaire cette connaissance) et à Imbert, qui très certainement travaillait dans un esprit graphique proche de celui de Le Brun, comme le suggère Olivier Michel. Ce caractère hybride franco-italien se lit en filigrane sur ce dessin (qui était classé dans le fonds français), même s’il semble vain de démêler ce qui ressort d’une tradition française et ce qui relève d’une conformation à un style italien. C’est ce qui fait l’originalité de la manière d’Étienne/Stefano, à la fois française et italienne, sorte de combinaison de références stylistiques, franco-italiennes en somme.
En l’absence de figure peinte référente, il est très difficile de connaître l’identité et la fonction iconographique du dessin. Lorsqu’il a été exposé à Toulouse en 2006, il a été placé à proximité d’un autre dessin d’Étienne/Stefano appartenant au musée Calvet d’Avignon[1] dont la destination préparatoire est avérée, puisqu’il étudie la pose d’un ange rengainant une épée, peint sur un nuage dans un tableau réalisé en 1739 pour l’église Santa Prassede à Rome. Ce tableau représente Saint Charles Borromée intercédant pour la cessation de la peste à Milan. La confrontation était saisissante. Elle permettait non seulement de justifier la pertinence de l’attribution à Étienne/Stefano Parrocel, de le dater des années 1730 mais également de constater que la pose reprenait celle d’un ange musicien. Étienne/Stefano aurait alors dessiné un ange aptère vu da sotto in su sur deux degrés d’un podium mis en réserve, ce qui est vraisemblable, en tout cas une figure dessinée d’après un modèle d’atelier « aux joues arrondies et aux cheveux bouclés »[2] qui pourrait être le même que celui dessiné sur la feuille d’Avignon et être investi d’une telle fonction en devenir d’ange.


[1] Inv. 996-7-7.
[2] Loisel in Toulouse 2006-2007. 203

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