Le plus jeune enfant du groupe d'Ugolin

Jean-Baptiste CARPEAUX
vers 1861
59,5 x 34 x 33 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Don Mme Louise Clément-Carpeaux en 1940

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Né dans la ville de Watteau, Jean-Baptiste Carpeaux intègre en 1844 l’école des beaux-arts de Paris, où il est l’élève de François Rude. Après l’obtention du Prix de Rome en 1854, il effectue un séjour à la villa Médicis jusqu’en 1862. Les fresques de Michel-Ange au plafond de la chapelle Sixtine le fascinent et lui inspirent de nombreuses études, « copies d’imitation » et surtout « copies d’évocation », réalisées autant de mémoire que de visu, où son goût de l’expression et du mouvement transparaît à travers l’empreinte du maître. Le Pêcheur à la coquille (1857), son premier succès, en constitue l’un des plus célèbres exemples, ainsi qu’Ugolin et ses enfants (1861) dont sont tirés les deux moulages en plâtre du musée de Grenoble. C’est en 1857, pour son travail de dernière année à l’Académie de France à Rome, que le sculpteur entame ce groupe de cinq personnages, à l’encontre de la règle qui imposait un nombre maximal de trois figures et un sujet tiré de l’Antiquité ou de la Bible. La détermination de Carpeaux finira par imposer Ugolin, qui deviendra l’un de ses chefs-d’œuvre et impressionnera Rodin. Carpeaux s’est inspiré du Chant XXXIII de L’Enfer de Dante, dans lequel le comte Ugolino della Gherardesca, tyran de Pise, relate son emprisonnement dans la Tour de la Faim où il est mort après avoir mangé les cadavres de ses enfants et petits-enfants. Carpeaux a sculpté Ugolin assis sur un rocher et se mordant les doigts d’angoisse, avec à ses pieds sa progéniture à l’agonie. Les deux moulages comportent les clés de montage qui correspondaient aux repères du modèle servant à fondre la sculpture en entier (le bronze fondu en 1863 est conservé au musée d’Orsay). À partir de 1872, dans son atelier d’Auteuil, Carpeaux opère une exploitation quasi industrielle de son œuvre et n’hésite pas à démanteler et reproduire ses sculptures pour en vendre des fragments. Le musée conserve les figures du plus jeune enfant, dont le corps gisant contraste avec les pieds crispés du père sur lesquels il s’appuie, et celle du troisième enfant, dont le mouvement de contorsion du corps, tête renversée et bouche entrouverte, n’est pas sans rappeler un des Esclaves de Michel-Ange ou le Laocoon antique que Carpeaux admirait.

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