Vue de Grenoble prise du quai de la Graille

Jean-Alexis ACHARD
1837
60 x 92 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Legs de Mme Gounon-Darcieux en 1891
Localisation :
SA21 - Salle 21

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Né dans une famille de propriétaires cultivateurs, Jean Achard passe son enfance à Voreppe, village situé à l’entrée de la cluse de Grenoble, sur la route de Lyon, avant de se fixer à Grenoble où il travaille d’abord comme commis dans l’étude de son oncle huissier, puis chez un avocat. En parallèle, il s’inscrit à l’école municipale gratuite de dessin dont les cours sont dispensés par le conservateur du musée, Benjamin Rolland. Il suit bientôt les conseils du peintre marseillais Isidore Dagnan (1788-1873), installé quelque temps à Grenoble. Comme de nombreux artistes faisant étape dans cette ville sur la route de l’Italie, ce dernier a été séduit par la situation pittoresque de la vieille cité nichée contre le rocher de la Bastille et dominée, au loin, par la chaîne de Belledonne. Avant lui, William Turner l’avait dessinée en 1824 selon un angle identique (Grenoble ; British Museum, Londres) et, à la fin de sa vie, Jongkind l’esquissera à l’aquarelle à plusieurs reprises. Dagnan, qui s’était fait une spécialité des vues urbaines, affectionne particulièrement les bords de l’eau, les rives du Drac et de l’Isère où il entraîne son jeune élève. À sa suite, Achard peindra de multiples vues de Grenoble prises des quais de l’Isère, en amont ou en aval. Le sujet, très apprécié des collectionneurs, lui assurera facilement les commandes de ses premiers clients.

Ici, le jeune artiste a choisi de saisir la vue en aval, du côté de la plaine du Drac : à gauche, la porte de France, la tour Rabot ; à droite, le quai de la Graille, la porte Créqui et le pont (démoli en 1838) qui a précédé le pont Marius- Gontard. Au fond, le massif de Belledonne avec son point culminant, la Grande Lance de Domène, et la croupe de Chamrousse. Une cyselande, bateau plat avec abri bâché destiné au transport des marchandises, est amarrée à la rive. La berge boueuse est profondément creusée de deux ornières, élément apparaissant pour la première fois et qui sera repris dans de nombreux tableaux de cette période. La composition, qui semble suivre une petite étude peinte préalablement quoique dans une ambiance lumineuse différente (L’Isère, la porte de France et la chaîne de Belledonne, vers 1834, musée Hébert), est encore maladroite dans les effets de perspective et le rendu plat des montagnes. Le pont et les maisons rappellent les volumes du Pont de Saut vers 1833, l’un des tout premiers tableaux du jeune artiste (musée de Grenoble). La manière demeure marquée par le XVIIIe siècle dans la représentation des arbres et de leurs feuillages ainsi que dans leur coloration.

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