Autoportrait. Portrait de l'artiste âgé de 23 ans

Henri FANTIN-LATOUR
1859
101 x 83,5 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Don de l'artiste en 1901
Localisation :
SA22 - Salle 22

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Cet autoportrait est la seule de ses toiles donnée personnellement par l’artiste au musée de Grenoble. Le conservateur, Jules Bernard, a œuvré en ce sens, à la suite de l’achat par la ville de l’Anniversaire, en 1899 : « J’ai l’honneur de vous informer que Mr Fantin-Latour en réponse à la requête que je lui avais adressée il y a quelques mois, vient de nous envoyer son portrait peint par lui-même à l’âge de 23 ans. La puissance de modelé, la délicatesse de ton et l’enveloppe générale de cette toile en font une œuvre de premier ordre. La maîtrise du grand artiste se révèle pleinement dans ce portrait exécuté en 1859 (…) » (lettre au maire, 22 novembre 1901).
Entre 1854 et 1861, Fantin dessine et peint de nombreux autoportraits, par commodité, devait-il expliquer plus tard, car c’est « un modèle qui est toujours prêt, il offre tous les avantages : il est exact, soumis et on le connaît avant de le peindre. » (Paris 1906, cité par Léonce Bénédite, p.17). Très exigeant avec lui-même, il répète cet exercice, comme la copie d’après les maîtres, expérimentant avec des techniques diverses les valeurs expressives des gradations de la lumière, des clairs-obscurs, le modèle, les autoportraits de Rembrandt qu’il admire, restant une référence constante. « Dans ces 15 derniers jours, j’ai travaillé énormément. J’ai près de 12 études soit d’après moi, buste en pied, intérieurs, nature morte (…) Je rentre du Louvre, je dîne et de 5h à 8h du soir, je me mets devant ma glace et en tête à tête (…) » (lettre à Whistler, 26 juin 1859, BP II, L/25 = archives microfilmées de l’art américain). Il se représente à mi-corps, en tenue de travail avec les attributs de sa profession suivant la tradition de l’autoportrait. Les effets de la lumière qui tombe sur le visage, la chemise, la main qui tient le pinceau donnent une qualité luministe à la figure par le contraste avec l’obscurité dans laquelle sont plongés le fond du tableau et le bras droit à peine suggéré. Courbet, qui voit chez Scholderer à Francfort en 1858 deux autoportraits de Fantin, les déclare forts en lumière. Celui-ci travaille rapidement, avec une touche fluide, plus attentif au rendu qu’à la ressemblance. Cinq ans plus tard, à une époque où les autoportraits sont plus rares dans son œuvre, il reprendra cette attitude pour se portraiturer dans l’Hommage à Delacroix(Paris, musée d’Orsay).
Fantin a conservé cette toile jusqu’en 1901 : c’est son premier envoi au Salon, son premier refus et c’est grâce à l’amitié de François Bonvin qu’il expose, dans l’atelier de celui-ci en 1859, ce tableau avec deux autres toiles Les Brodeuses et Portrait de Marie.

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