Portrait de Louis-Joseph Jay

Jacques-Augustin PAJOU
1798 - 1799
74 x 58 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Achat

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Premier conservateur du musée de Grenoble[1], Louis Joseph Jay (1755-1836) est l’une des personnalités à l’origine de l’essor de la vie artistique grenobloise au XIXe siècle. Né à Saint-Hilaire-de-la-Côte, l’artiste commence sa carrière à Montpellier où il enseigne le dessin jusqu’en 1795. De retour à Grenoble, il ouvre un atelier et devient commissaire chargé d’inventorier les objets d’art du département. Nommé parallèlement professeur de dessin à l’école centrale de l’Isère en 1796, Jay effectue un premier voyage à Paris (mars-avril 1796), puis en Italie (fin 1796 – début 1797) afin de constituer une collection de tableaux, dessins, gravures, rondes-bosses et moulages destinés à l’apprentissage de ses élèves. Motivé par la réussite de son enseignement et soucieux du développement artistique de la ville, Jay manifeste rapidement la volonté d’y créer un musée qui ouvrira ses portes en 1798. Pendant l’hiver (fin 1798 – début 1799), devenu conservateur de l’établissement, il fait un second voyage à Paris pour solliciter des dons auprès du gouvernement. Son principal interlocuteur est Jacques Augustin Pajou, peintre et fils du sculpteur Auguste Pajou et également ancien élève de l’Académie royale de peinture et de sculpture. Outre les discussions concernant les oeuvres, la rencontre des deux hommes sera l’occasion pour Pajou d’immortaliser les traits de Jay, alors âgé d’une quarantaine d’années. Sans évoquer le conservateur ni le professeur, Pajou rend hommage à l’artiste. Dans ce portrait à mi-corps, Jay est peint de trois quarts, le regard perdu dans le lointain. Entre ses mains, un porte-feuille et un porte-craie figurent le nécessaire de l’artiste. La couleur rouge de son gilet juxtaposée au vert de sa redingote souligne, grâce au jeu des complémentaires, les contours de sa physionomie. Enfin, le traitement réaliste du modèle, représenté de manière classique, le révèle sous son meilleur aspect devant un décor agrémenté d’une colline arborée et de quelques effets de grisaille.
À la fin de sa vie, Jay offre ce tableau à son ancien élève, Jules Mallein. Dans un courrier daté de 1833, il lui explique les raisons de ce don : « Vous méritez à tous égards d’en être le conservateur jusqu’au moment où, ayant cessé d’être, vous me rendrez le signalé service, ainsi qu’à ma mémoire, de lui obtenir une place dans le Musée de Grenoble[2]. » Jay meurt le 7 juillet 1836 à Vienne.


[1] Louis Joseph Jay est conservateur du musée de Grenoble de 1798 à 1815.
[2] Coll. part., lettre de Louis Joseph Jay à Jules Mallein, Crémieu, 1er avril 1833.

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