La Porte close

Diodore RAHOULT
vers 1865
73,5 x 59 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Achat à l'artiste en 1866

Voir sur navigart

Marqué par son premier voyage en Italie en 1846-1847, Diodore Rahoult en conserve un souvenir immuable grâce aux nombreux dessins qu’il rapporte à Grenoble. Bien que cet épisode ultramontain demeure assez flou dans sa biographie, on sait qu’il visite Naples, s’installe quelque temps à Rome et fait un séjour à Palerme en Sicile[1]. L’architecture et le paysage sont très présents dans ses études. Au gré des rencontres, Rahoult s’intéresse aux habitants des bourgs qu’il croque dans leurs tenues traditionnelles. La Porte close, peinte vers 1865, pourrait être inspirée de l’une des scènes auxquelles le peintre a pu assister durant son séjour. La physionomie des sujets se rapproche manifestement de celle des jeunes enfants italiens aux profonds yeux noirs et à la chevelure brune. Dans ce tableau, les protagonistes sont deux petites filles. La première, qui se tient debout, fait face au spectateur et le fixe tandis que la seconde, assise, regarde son acolyte depuis le perron de la porte. Leur attitude contrainte de même que leurs vêtements sales et élimés laissent deviner qu’il s’agit de deux mendiantes. Avaient-elles déjà frappé à cette porte cossue qui apparaît dans la partie droite du tableau ou allaient-elles le faire ? On l’ignore. Toutefois, si l’une d’elles tient précieusement une pomme dans sa main, l’autre présente la sienne, restée vide. Rahoult, en peignant La Porte close, met au jour une scène à la fois triste et émouvante qu’il magnifie cependant par un traitement sobre et lumineux. La force de sa composition tient à ce savant mélange entre la présence humaine et l’austérité du lieu qui l’accueille. Ainsi, ce thème confidentiel, empreint d’une grande compassion, pourrait résumer à lui seul la sensibilité de l’artiste et expliquer l’importance de ce premier voyage ultramontain dans son oeuvre.


[1] ADI, 5J89, collection Maignien, Histoire du Dauphiné (XVIIe-XIXe siècles).

Découvrez également...