Deux jeunes garçons vus pour l'un de dos, pour l'autre de profil

Jacopo CHIMENTI dit Jacopo DA EMPOLI (attribué à)
XVIe siècle
41,7 x 26,4 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Legs de Léonce Mesnard en 1890, entré au musée en 1902 (lot 3551, n°1484).

Voir sur navigart

L’attribution traditionnelle du dessin à Jacopo da Empoli interpelle à plus d’un titre. Bien que la feuille se rattache mal à l’ensemble de la production graphique de l’artiste, il est difficile, au premier abord, de ne pas penser qu’elle présentait un certain fondement. Si l’on choisit d’adopter la méthode morellienne pour trouver le nom de l’auteur du dessin – méthode employée par le célèbre historien italien de la fin du XIXe siècle, Giovanni Morelli, qui consistait à comparer les détails de l’œuvre à attribuer à ceux semblables dans les œuvres documentées –, certains éléments tendent en faveur de l’attribution à Jacopo, alors que d’autres restent peu satisfaisants. En effet, le type de tête du personnage de dos, bien délimitée et marquée d’un petit rond en son centre, prototype fréquent chez d’autres dessinateurs italiens, est absent des études de figures connues de l’artiste; de même, l’effet de transparence voulu pour le caleçon porté par le garzone du premier plan ne se retrouve que très rarement dans l’œuvre de Jacopo, si ce n’est dans la célèbre étude pour une Tête de femme voilée du Gabinetto Disegni e Stampe degli Uffizi de Florence (no 9382 F). En revanche, outre le petit nez retroussé qui évoque immédiatement le nom de l’Empoli, le traitement des pieds et des mains se retrouve parfois de manière semblable dans certaines études de figures de l’artiste, mais cela ne peut être totalement probant. Fort de cette incertitude, mais certain que nous sommes confronté à l’œuvre d’un Florentin, tant il évoque l’héritage de Jacopo da Pontormo, il convenait de chercher la possibilité de retrouver l’auteur de la feuille parmi les autres artistes actifs entre l’achèvement du Studiolo de Francesco I et la fin du XVIe siècle, époque probable de son exécution. Bien que certains traits graphiques du dessin de Grenoble évoquent Agostino Ciampelli, en particulier la feuille d’études de l’Ashmolean d’Oxford (P.II 826) préparatoire à la Naissance de la Vierge peinte en 1593 pour l’église florentine de San Michele Visdomini, aucune autre alternative n’est satisfaisante. Néanmoins, si parfois notre dessin peut pour un détail faire songer à tel ou tel artiste, l’impression d’ensemble qui s’en dégage renvoie indéniablement à Jacopo da Empoli. La technique des traits parallèles pour marquer le modelé et des traits rapides délimitant les contours fut souvent adoptée par l’artiste, notamment au début de sa carrière comme l’atteste le beau dessin – quoi qu’estompé – de l’Istituto Nazionale per la Grafica de Rome (FC.125051) préparatoire à la figure d’Isaac du Sacrifice d’Isaac exécuté par l’Empoli en 1595-1596 pour la chapelle Seragli de San Marco à Florence. Tout laisse à penser que ces deux hommes nus sont une étude préparatoire pour deux figures situées à la droite d’une Adoration des bergers. Aucune composition de l’Empoli présente des figures semblables, toutefois, il est l’auteur d’une Adoration des bergers, connue par deux versions presque identiques conservées au City Museum de Plymouth et dans une collection particulière. La seconde version, publiée pour la première fois par Anna Forlani Tempesti, signée et datée 1586 (ou 1587), permet de confirmer que le tableau du musée anglais remonte à la première activité du peintre. Bien que différent, et malgré la mise au carreau, on pourrait émettre l’hypothèse selon laquelle le dessin de Grenoble serait une première proposition pour la composition, abandonnée par la suite, mais il est plus raisonnable de penser, s’il est effectivement de la main de Jacopo da Empoli, qu’il soit préparatoire à une composition perdue représentant le même sujet. Si nous sommes alors confronté à un dessin remontant à la jeunesse de l’artiste, il n’est pas surprenant qu’il présente cet aspect hérité de Pontormo, sachant que l’Empoli séjourna à partir de 1582 à la Certosa de Galluzzo, où il copia l’ensemble des œuvres de Pontormo.

Découvrez également...