Prélude de Lohengrin

Henri FANTIN-LATOUR
1892
50,9 x 37,2 cm
Crédit photographique :
VILLE DE GRENOBLE / MUSÉE DE GRENOBLE-J.L. LACROIX
Acquisition :
Don Victoria Fantin-Latour née Victoria Dubourg en 1904

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Dans un texte resté célèbre, « Richard Wagner et Tannhäuser à Paris » (1861), Baudelaire loue la force de suggestion de Lohengrin, opéra achevé par Wagner en 1847, et se sert du prélude pour illustrer sa théorie des correspondances entre les arts. À son tour, Fantin-Latour s’efforce de « traduire à sa manière » cette introduction purement instrumentale, ce qui revenait selon Liszt à se confronter à « l’élément mystique » par excellence, à l’inénarrable et à « l’ineffable beauté du sanctuaire ». Pour cela, Fantin a fidèlement suivi le texte du programme que Wagner avait rédigé. Un chevalier, tête nue, les mains jointes, est agenouillé de dos au premier plan ; « quand enfin le Saint-Graal lui-même apparaît au milieu du cortège sacré [des anges], il s’abîme dans une adoration extatique, comme si le monde entier eut disparu… ».
Le dessin, très abouti, compte parmi les plus célèbres feuilles de Fantin, qui avait choisi de le faire figurer à l’exposition de ses dessins organisée chez son marchand Tempelaere en 1901. Il prépare l’huile sur toile présentée au Salon de 1892. Fantin-Latour avait précédemment exécuté une lithographie du Prélude. Il l’avait exposée au Salon de 1882. La composition en était la même à de légers détails près. Sur le dessin, le cadrage est esséré autour des figures, l’ange brandissant le Saint-Graal fléchit d’avantage les bras, celui à droite élevant sont encensoir est de trois-quarts perdus et non plus de profil, etc. Comme en témoigne aussi L’Anniversaire (MG 1468-1 ), la transposition d’une estampe achevée, imprimée et exposée, n’est pas directe chez Fantin.
Le passage à l’huile est précédé à nouveau d’un travail préparatoire qui conduit l’artiste à retravailler la composition d’ensemble, comme l’attestent une esquisse à l’huile[1] et ce calque mis au carreau pour l’agrandissement, ainsi que des dessins de détails (MG IS 69-29). Fantin ne s’en tient pas là et exécute une lithographie de 1898 ainsi qu’une réplique à l’huile en 1902 pour le critique musical et fervent wagnérien, Adolphe Jullien, qui fut son ami et biographe.


[1] FL 2206. L’Anniversaire a été précédé d’une esquisse célèbre et souvent publiée, conservée au Kröller-Muller Museum d’Otterlo.

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