Demeures sous-marines (Etude 10)

Cristina IGLESIAS
2010
200 x 110 x 3,7 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Don Cristina Iglesias en 2017

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Exposition En Roue libre, 1er avril-3 juillet 2022

Salle 2

La nature et les rêves

Depuis les années 1960, la nature vivante est devenue la matière et l’objet même de certaines pratiques artistiques, notamment dans le Land Art, l’Arte Povera et le Nouveau Réalisme. Il ne s’agit plus de peindre ou de copier la nature mais de l’ouvrager. Nombre d’artistes oeuvrent ainsi en extérieur, instaurent un dialogue avec les éléments, font du paysage le réceptacle de leurs créations. Les uns inventent un langage qui fait dialoguer nature et culture. Les autres incorporent à leurs travaux des substances organiques.

De la conscience malheureuse de l’homme contemporain privé, à l’heure de l’industrialisation croissante, d’un contact étroit avec la terre advient un nouveau rapport au monde sensible et vitaliste ainsi qu’une nouvelle écologie, symbole de résistance et de survivance. Souvent, l’artiste s’immerge à plein corps dans cette nature vécue comme une totalité. La fin du XXe siècle voit un certain nombre de plasticiens travailler dans un rapport plus symbiotique et intime avec le paysage en proposant des oeuvres réellement complices de la nature. Refonder une relation perdue à la nature, revenir aux origines, voilà ce à quoi s’attellent nombre de créateurs conscients de la « dénaturation » de nos existences.

L’artiste espagnole Cristina Iglesias s’est imposée sur la scène internationale au milieu des années 1980. Ce n’est pas la nature en tant que telle, comme réalité brute, qui attire son attention. Dans son oeuvre protéiforme, elle nous ouvre les portes d’un univers mystérieux où elle interroge avant toute chose la poésie des matières. Depuis le début des années 2000, le travail de Cristina Iglesias s’inscrit dans l’espace public. À l’image de son œuvre, Le Puits, fontaine en perpétuel mouvement, insondable et mystérieuse, laisse voir, quand l’eau se retire, son fond organique et végétal, composé de plantes moulées. Iglesias nous ouvre ainsi les arcanes du monde aquatique, fait surgir la beauté des ténèbres. Loin d’une nature maternante, c’est l’inquiétante étrangeté qui régit son univers où tout semble passage, révélation et métamorphose.

[Extrait du Journal de l’exposition En roue libre. Balade à travers la collection d'art contemporain du musée, musée de Grenoble, 1er avril-3 juillet 2022]

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