La Mer de glace

Gloria FRIEDMANN
1985
105 x 350 x 112 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Achat, Collection Monin, en 1998

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Cette artiste allemande, installée en France depuis 1977, a fait de la nature son unique sujet de recherche, abordant dans ses dernières œuvres l’impact de l’homme sur son environnement. Si ses premiers travaux ont eu la forme de mises en scène photographiques dont elle était le sujet principal, ses œuvres ont abordé assez rapidement le volume et l’espace. Friedmann s’est depuis lors attachée à la seule représentation des éléments naturels, dont elle cherche à rendre l’essence. « Cet élémentaire, dit-elle, je le rencontre dans l’infini de l’étendue de la mer, le silence de la haute montagne, les vallées profondes, les parois fissurées. » Le caractère émotionnel et sensible de son travail ne doit pas faire oublier la démarche intellectuelle qui lui fait rechercher dans les différentes créations de la nature, à l’égal de Mondrian, les lignes de construction du monde visible. Elle n’hésite pas pour cela à recréer les beautés naturelles, cascades, averses de pluie, rochers rugueux, torrent fougueux ou vagues de brouillard, au moyen de matériaux industriels dont les propriétés esthétiques et poétiques insoupçonnées sont mises en valeur. « Je n’imite pas la nature, je la recrée en l’évoquant, en la contrariant avec les matériaux qui lui ressemblent le moins », affirme-t-elle en 1984. C’est à cette démarche de recréation poétique qu’appartient La Mer de glace, de 1985. Composée de vitres de voiture en verre trempé agencées dans l’espace et soudées entre elles par des manilles d’aluminium, cette « mer » rigide et transparente rappelle les facettes gelées et les crevasses profondes d’un glacier des Alpes. À la fois fragile et cassante mais d’une dureté impressionnante, la glace ainsi figurée reflète la lumière, changeant sans cesse d’aspect au fur et à mesure de l’avancée du jour. Ces multiples variations donnent à la sculpture un aspect dynamique évoquant le mouvement inexorable d’un glacier. Ce travail fait écho aux sculptures-constructions architecturales que l’artiste installe à la même époque au cœur des massifs montagneux, Meteora, un centre de méditation et de détente à Flaine (Haute-Savoie), ou Ex Æterno Tempore, sorte de chapelle profane invitant à la contemplation de la chaîne de Belledonne.

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