Sans titre

Didier VERMEIREN
1986
163,5 x 100 x 160 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Achat à la Galerie Pietro Sparta en 1988 par le Fonds national d'art contemporain.
Transfert de propriété au Musée de Grenoble en 2008.

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« S’il y a une chose dont on est certain, a déclaré Vermeiren, c’est où démarre la sculpture. Elle démarre au sol, après, en hauteur et sur les côtés, elle n’a pas de limites, mais au sol, c’est là qu’elle démarre, c’est le point crucial. » Depuis le milieu des années 70, Didier Vermeiren interroge l’essence de la sculpture en explorant ses modes de production et de présentation. En utilisant des matériaux traditionnels tels que le bois, le plâtre et l’acier, il questionne les processus de fabrication, notamment le moulage, ainsi que les notions d’original et de réplique. Mais c’est surtout en s’emparant du thème du socle que Vermeiren parcourt l’histoire de la sculpture, depuis la statuaire antique et le monument jusqu’à l’art minimal qui l’a rendu superflu, en passant par Canova, Carpeaux, Rodin et Brancusi. À lui seul, le socle cristallise plusieurs fonctions : donner à voir, surélever, protéger, et en même temps conférer stabilité et pérennité à l’œuvre. Le socle est un objet dynamique intrinsèque à la sculpture, qui parle d’élévation et de gravité. Vermeiren le revisite dans de multiples variations. En 1980, au musée d’art moderne de Gand, il intitule son installation : Sculpture de socle.
À partir de 1985, il étend ses recherches sur les dispositifs de présentation à des œuvres qui évoquent autant de cages, de vitrines ou de chariots, créant des structures ouvertes (réminiscences du Palais à quatre heures du matin de Giacometti – en 1995, Vermeiren fera une photographie intitulée L’Atelier à quatre heures du matin), fermées seulement sur une ou plusieurs de leurs faces par une plaque de plâtre moulé.
Dans le cas de la sculpture _Sans titre _(1986), c’est la face supérieure qui porte un plateau en plâtre. L’objet invite le spectateur à se déplacer pour appréhender son volume et l’espace qu’il occupe. Il quitte le simple statut de chariot, d’objet anonyme et symétrique, pour entrer dans le champ de l’art lorsque le regard perçoit un détail insolite : un des quatre montants n’est pas un tube mais une tige de section carrée, indiquant dès lors un point de vue privilégié. Les roulettes non directionnelles dont le chariot est doté suggèrent un rapport au sol particulier : un mouvement potentiel qui se réfère aux nombreux déplacements possibles d’une sculpture. Immobilité et mouvement, plein et vide, visible et invisible, la structure mise au point par Vermeiren, légère et simple, met en jeu les tensions inhérentes à la sculpture et sa présentation.

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