La Bénédiction de saint Jean-Baptiste - Une exposition dossier

jusqu'au 18 septembre 2022

Un chef-d’oeuvre de la peinture du XVIIe siècle rejoint les collections : La Bénédiction de saint Jean-Baptiste du peintre Reynaud Levieux (Nîmes, 1613 - Rome, 1699), surnommé le Poussin provençal.

Avant d’intégrer le parcours des collections permanentes, ce tableau, dépôt du musée de l’Assistance Publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP), sera présenté dans le cadre d’une exposition dossier qui révélera à la fois son histoire et les différentes étapes de sa restauration.

L'œuvre à la loupe

Une œuvre monumentale, rare et sensible
Peint par Reynaud Levieux au milieu du XVIIe siècle, ce tableau de grand format, fait partie d’une série de neuf toiles sur la vie de saint Jean-Baptiste commandée par la confrérie des Pénitents noirs d’Avignon, pour la décoration de leur chapelle. Dans cette scène, Zacharie, le père de Jean-Baptiste, à qui l’archange Gabriel a annoncé un destin de prédicateur pour son fils, le bénit avant son départ au désert. Plein de gravité et de tendresse, c’est un sujet très rare dans l’iconographie religieuse.

Chronique d’une redécouverte
Caché au regard du public depuis de nombreuses décennies, ce tableau appartenant aux collections du musée de l’AP-HP nécessitait une importante restauration. Grâce à un partenariat exemplaire entre les deux institutions qui ont cofinancé ce chantier conduit au Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France (C2RMF) à Versailles, cette œuvre a retrouvé tout son éclat et sera désormais, à la faveur d’un dépôt de longue durée, présentée à Grenoble.

Une place dans les collections grenobloises
Avant que le tableau ne rejoigne le parcours permanent des collections où il dialoguera avec d’autres peintures religieuses du XVIIe en offrant un éclairage précieux sur l’école provençale jusque là absente des cimaises du musée, une exposition dossier lui sera consacrée dans l’espace Andry-Farcy. Celle-ci reviendra notamment sur la chantier de restauration qui a duré un an et sur l’histoire de ce merveilleux tableau et de son auteur, un artiste rare et attachant.

LA CAMPAGNE DE RESTAURATION

À partir de l’été 2020, la Bénédiction a été accueillie dans les ateliers du Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France (C2RMF), à Versailles. Cette institution nationale a pour mission d’assister les musées dans leurs projets de restauration les plus ambitieux, par un suivi et l’accès à des analyses scientifiques. Ainsi, un dossier d’imagerie a pu être constitué : le tableau a été photographié sous différentes lumières (lumière rasante, UV, infrarouge), et aussi radiographié. Il est alors apparu qu’il avait anciennement subi une transposition, c’est-à-dire une intervention consistant à désolidariser la couche picturale de son support, avant de la fixer sur une nouvelle toile. Cette technique, qui n’est plus utilisée de nos jours, a écrasé les différentes couches de préparation et de peinture - ce qu’on désigne comme la couche picturale. Par ailleurs, cette dernière était très chaotique : sous un vernis ancien oxydé, épais et jauni, on devinait de nombreux repeints anciens et discordants.
Suite à cet état des lieux, la Bénédiction a été confiée à deux restaurateurs : Emmanuel Joyerot a travaillé sur le support et Lucia Guirguis sur la couche picturale. Bien qu’ancienne, la toile de transposition a pu être conservée. Après avoir consolidé des zones où la peinture n’adhérait plus et se soulevait, le restaurateur a pu dépoussiérer séparément toile et châssis, qui s’étaient encrassés dans les combles de la chapelle. Vint ensuite le long et complexe travail sur la couche picturale. Grâce aux clichés radiographiques, on savait que, sous certains repeints, la peinture d’origine avait disparu. Suivant les cas, il a été choisi soit de les enlever, soit de les atténuer. Les lacunes ont été ensuite mastiquées et retouchées de manière illusionniste.
Chaque étape de l’intervention a donné lieu à des discussions entre restaurateurs et conservateurs, pour établir les meilleures solutions respectant les principes déontologiques d’une telle restauration.