Noli me tangere

Paolo CALIARI dit VERONESE
vers 1576 - 1588
67 x 95 cm
Crédit photographique :
VILLE DE GRENOBLE / MUSÉE DE GRENOBLE-J.L. LACROIX
Acquisition :
Achat par la Ville à Thomas Henry en 1829

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À la fin de sa vie, Véronèse se montre particulièrement sensible aux recherches luministes et tonales de Tintoret et de Jacopo Bassano. Ses paysages gagnent en profondeur et sa vision religieuse s’enrichit d’un nouveau sens du pathos. La peste qui ravage Venise de 1575 à 1577 pourrait expliquer l’assombrissement de sa palette. Mais sa collaboration avec Francesco Bassano, fils de Jacopo, pour la restauration de la fresque de Guarentio, détruite dans l’incendie du palais des Doges en 1577, infléchit également son style. Jésus-Christ ressuscité apparaît à Marie- Madeleine est un tableau de petites dimensions pour un artiste qui s’est attaché sa vie durant à de grandes compositions. L’œuvre d’une grande délicatesse confine à l’onirisme en réunissant deux épisodes du Nouveau Testament. Au premier plan, Véronèse chorégraphie la rencontre du Christ et de Marie-Madeleine en un contrepoint d’attitudes qui lui confère la grâce d’une Annonciation. Le thème est emprunté à l’Évangile selon Jean. Noli me tangere (Ne me touche pas) sont les paroles prononcées par Jésus ressuscité qui apparaît nimbé à Marie-Madeleine le dimanche de Pâques. Premier témoin de la Résurrection, la sainte devient selon la Légende dorée « l’apôtre des apôtres ». Du Christ jardinier, Véronèse ne retient ici que le cadre verdoyant et les râteaux posés au premier plan. Dans les lointains, telles des apparitions fantomatiques, Marie-Salomé, Marie- Madeleine et Marie, mère de Jacques, consternées près du tombeau vide, sont elles aussi averties par les anges de la Résurrection. Dans une gamme de couleurs renouvelées, avec une véritable aisance expressive, Véronèse nous livre ici une vision nouvelle de la Résurrection accordée à l’univers crépusculaire qui caractérise ses œuvres tardives. La peinture du musée de Grenoble, qui avait pour pendant une Annonciation, est à rapprocher d’une œuvre provenant de l’église Sainte-Marie-Madeleine de Trévise (1576-1588) et conservée aujourd’hui au Prado, où l’artiste prend pour modèle son épouse pour figurer Marie-Madeleine.

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