Christ mort

Bernardo CAVALLINO (attribué à)
XVIIe siècle
35 x 43 cm
Crédit photographique :
VILLE DE GRENOBLE / MUSÉE DE GRENOBLE-J.L. LACROIX
Acquisition :
Don de M. Jules Murzone Fils en 1835
Localisation :
SA03 - Salle 03

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Comme pour de nombreux peintres napolitains du XVIIe siècle, on connaît peu de choses sur la vie de Bernardo Cavallino. Il aurait été formé à Naples auprès de Massimo Stanzione et de Bartolomeo Passante, dit aussi le Maître de l’Annonce aux bergers. L’école napolitaine est alors marquée par l’art de Caravage, qui effectue deux brefs séjours dans la cité entre 1606 et 1610, et de Ribera, qui y introduit à partir de 1616 un naturalisme moins tragique et des accents baroques. Cavallino, qui a parfaitement assimilé la leçon du ténébrisme, peint surtout des tableaux de format modeste destinés à des chapelles, des oratoires ou des cabinets d’amateur, dans un style plus paisible. Son art oscille entre un fort réalisme hérité de Caravage et un raffinement de la touche inspiré par Van Dyck et la peinture vénitienne que les artistes napolitains découvrent à partir des années 1630. Selon une hypothèse émise lors de l’exposition monographique de 1984-1985, la toile du Christ mort était à l’origine légèrement plus grande, ce qui peut expliquer l’étrange raccourci du corps peint au premier plan. Cavallino utilise néanmoins ce procédé dans plusieurs de ses œuvres, notamment dans L’Ivresse de Noé (Museo de arte Thyssen- Bornemisza, Madrid), procédé qui lui permet de traiter sans détour le sujet. Gisant au sol à côté des clous et de la couronne d’épines, le Christ mort est éclairé par une puissante lumière argentée qui contraste avec la tonalité brune du décor et les teintes chaudes et dorées du ciel. Les lueurs du crépuscule, le pied de la croix, les deux figures penchées créent un jeu d’obliques qui indiquent un monde qui vacille, mouvement que rompt le corps allongé, tel un point d’orgue. Tempérant le luminisme caravagesque, Cavallino traite les passages de l’ombre à la lumière sur le corps par d’infinies nuances et une touche adoucie, dans un style résolument pictural qui montre que le peintre a intégré la manière des Nordiques. Excluant toute accentuation naturaliste comme tout pathos, il dépeint un Christ quasi endormi, dans une posture toute d’élégance et de grâce qui lui confère une résonance mystérieuse.

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