Déposition

Paolo FARINATI
1573
305 x 202 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Achat à M. Jacques Debon dit Bon en 1845
Localisation :
SA01 - Salle 01

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Peintre de Vérone de culture maniériste, contemporain de Véronèse dont il adopte la manière, Paolo Farinati passe l’essentiel de sa carrière dans sa ville natale. Avec ses compagnons Del Moro, Zelotti, Brusasorci, il assimile la leçon des continuateurs de Michel-Ange et de Raphaël actifs dans les villes voisines de Mantoue et de Parme (Giulio Romano, Corrège, le Parmesan). Amené à réaliser le retable de saint Martin pour la cathédrale de Mantoue en 1552, il copie les fresques de Giulio Romano, dont les figures énergiques et les architectures imaginaires marquent définitivement son style. À la tête d’un atelier particulièrement actif, secondé par ses fils Orazio et Giambattista, il s’engage dans une activité frénétique de décors d’églises et de couvents, et réalise également maints tableaux de dévotion privée. Les nombreux dessins et gravures produits par l’atelier, études préparatoires ou riccordi, rendent souvent complexe la compréhension de sa production. Cette Descente de croix est le panneau central d’un triptyque dont les volets latéraux représentaient d’un côté les saintes femmes et sainte Véronique, et de l’autre les apôtres tentant d’ouvrir le sépulcre. Une eau-forte d’Orazio Farinati permet d’avoir une vision complète du retable aujourd’hui démembré. Le précieux journal tenu par le peintre (1573-1606) nous apprend par ailleurs qu’il s’agit d’une commande d’un ami capucin, Fra Gregorio, pour la chapelle du couvent de la Croix à Arona en 1573. Sous un ciel orageux, saint François et saint Antoine de Padoue, reconnaissable à sa branche de lys, aident saint Jean l’Évangéliste à descendre le Christ de sa croix. Le sujet est traité avec une emphase toute maniériste créant une scénographie étrange de gestes et de regards dramatisée par l’équilibre instable de la croix. La forte musculature du Christ est empruntée à Michel-Ange, le clair-obscur à Véronèse. Il existe une version ultérieure peinte en 1589 pour la chapelle du palais de Trente réalisée probablement à partir d’un riccordo de celle de Grenoble. Démembré par les armées napoléoniennes, le triptyque voit deux de ses panneaux demeurer à Arona. Le panneau central, la Descente de croix est achetée par M. de Civry, gentilhomme français émigré à Venise qui le lègue à Jacques Debon, négociant dauphinois, avant que la Ville de Grenoble ne l’acquière en 1845.

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