Saint Sébastien et sainte Apolline

Pietro VANNUCCI dit IL PERUGINO
1503 - 1523
172 x 96 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Dépôt de l'Etat en 1811
Localisation :
SA01 - Salle 01

Voir sur navigart

Pietro Vannucci dit le Pérugin se forme à Pérouse, important foyer artistique renaissant auquel il doit son nom, et intègre à Florence l’atelier d’Andrea del Verocchio chez lequel il a pour condisciple Léonard de Vinci. À la demande du pape Sixte IV, il participe avec Botticelli et Ghirlandaio au décor de la Chapelle Sixtine. Chef de file de l’école ombrienne, il est l’inventeur d’un art cristallin que Raphaël, son élève, s’attachera à faire rayonner. Sa peinture inaugure une nouvelle manière, fondée sur un dessin linéaire hérité de la peinture florentine, qui atteint une pureté formelle que l’on a parfois qualifiée de néo-attique. Alors que le Pérugin est un artiste confirmé, les moines augustins de San Agostino de Pérouse, certainement stimulés par la signature en 1495 d’un contrat entre l’artiste et les Bénédictins de San Pietro, lui font la commande de trente tableaux pour leur église sise porte San Angelo. De 1503 jusqu’à sa mort en 1523, l’artiste s’attèle à ce cycle monumental. Fragment d’un polyptyque placé sur le maître-autel, et dont d’autres fragments se trouvent notamment conservés à Lyon et à Toulouse, Saint Sébastien et sainte Apolline est à rapprocher de Saint Jérôme et sainte Madeleine (Pérouse, Galerie Nationale de l’Ombrie) qui formait un des volets latéraux d’une Adoration des bergers (Trevi, Église Santa Maria delle Lacrime). Dans un paysage verdoyant, saint Sébastien habituellement représenté criblé de flèches apparaît dans une nudité idéale aux côtés de sainte Apolline. Les jeux de contrapposto, la douceur angélique des regards comme les effets de transparence confèrent à ce couple une « harmonie supra-terrestre » (Ernst Gombrich). Martyrisée en 250 et inhumée dans les catacombes, Apolline tient une petite tenaille avec une dent, signe de son martyre, alors que Sébastien, survivant au supplice ordonné par l’empereur Dioclétien, ne présente ici qu’une flèche probablement rajoutée. Par la pureté des volumes et la douce lumière diffractée héritée de Piero della Francesca, le Pérugin démontre plus que jamais son style propre qualifié de maniera dolce. Demeuré dans l’église des Augustins jusqu’en 1797, le tableau est enlevé et transporté à Paris suite au Traité de Tolentino. Il est envoyé par décret impérial au musée de Grenoble en 1811.

Découvrez également...