Fracassée

Bernard FRIZE
2001
160 x 140 cm
Crédit photographique :
VILLE DE GRENOBLE / MUSÉE DE GRENOBLE-J.L. LACROIX
Acquisition :
Achat à la Galleria Christian Stein en 2011
Localisation :
SA49 - Salle 49

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Lorsque Bernard Frize réalise ses premiers travaux marquants, en 1976, ceux-ci s’inscrivent dans un contexte artistique où le minimalisme et l’art conceptuel occupent une place prépondérante, et où l’un des leitmotive de la critique réside dans la proclamation définitive de « la mort de l’art ». Peindre alors, pour un jeune artiste, c’est affirmer d’une part – à l’encontre de la pensée du temps – qu’il reste encore des territoires vierges à explorer et, d’autre part, que l’art, loin d’être moribond, offre toujours la possibilité d’un renouvellement de notre appréhension du monde visible. Prenant appui sur ce double postulat et adoptant parallèlement une attitude de retrait vis-à-vis de l’acte – traditionnel – de peindre, Frize s’attache alors à une analyse approfondie des ressorts de la peinture. Cherchant à mettre en évidence les relations « de cause à effet » qu’entretient le tableau avec ses différents modes de réalisation, il procède à une réduction élémentaire du travail pictural. Le tableau se donne donc, avant même d’être un objet esthétique autonome, comme l’affirmation matérielle de son processus d’élaboration. Cette problématique, l’artiste l’a développée et enrichie depuis. Multipliant les angles d’approche, remettant en question, à l’instar de Picabia, la notion de style, il réalise, au fil des décennies, un ensemble hétérogène dont le survol global laisse apparaître toutefois une profonde unité.
Fracassée fait partie d’une série d’œuvres réalisée en 2001 sur le principe du fractionnement ou de l’éclatement du champ pictural. L’artiste reprend le principe de la trace de brosse multicolore mais plutôt que de la conduire de manière linéaire, sur toute la surface de la toile, il la sectionne en autant de figures géométriques emboîtées. Le résultat est vertigineux. De fait, la trace, qui conserve à chaque fois les mêmes couleurs dans le même ordre de succession, devient un véritable motif décoratif. Le peintre l’utilise comme un patchwork, accolant à chaque segment un autre, quels que soient sa forme et son format. L’ensemble crée un effet de miroir brisé, générant par-là toutes sortes d’effets de perspective. Sensation de mouvement incessant, d’espace qui se creuse ou qui avance, la peinture est ici moins un trompe-l'œil qu’un trompe l’esprit, laissant le spectateur fasciné autant que démuni.

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