Les Deux frères

Marcel GROMAIRE
1924
100 x 80,4 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Achat à M. Edouard Loeb en 1928

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À 19 ans, Marcel Gromaire expose au Salon des Indépendants ; il fréquente alors les académies de Montparnasse. Cependant, ce n’est qu’à l’issue de la Première Guerre mondiale qu’il démarre sa carrière de peintre et de graveur. Ses sujets de prédilection, la femme, l’homme au travail et les paysages, sont traités avec un réalisme qui se veut à la fois synthétique et expressif. Un an après son ouverture, en 1925, la galerie Pierre l’invite à montrer ses peintures, aquarelles et dessins. Un des plus grands galeristes du XXe siècle, Pierre Loeb, défend passionnément ses artistes, parmi lesquels figurent Picasso, Miró, Braque, Giacometti ou Balthus. Il soutient la démarche du directeur du musée de Grenoble en faveur de l’art moderne, Andry-Farcy, qui, durant les années 20 et 30, lui achète des œuvres de Soutine, La Fresnaye, Derain et Picasso, et, en reconnaissance, obtient le don de celles de Miró et de Lipchitz. Pour peindre Les deux frères, en l’occurrence Pierre Loeb et son jumeau Édouard, Gromaire part de l’observation et restitue avec fidélité leurs corps élancés, leur élégance naturelle et les traits de leur visage. Des vêtements identiques et une même pipe comme unique accessoire soulignent leur gémellité. Mais au-delà de la vraisemblance, c’est la personnalité de ces deux hommes et ce qu’ils représentent qui intéressent l’artiste. Rigoureusement placés, ils occupent tout l’espace de la toile et s’imposent par leur monumentalité. Cet effet résulte aussi du choix de volumes et de formes simples, construits à l’aide d’un graphisme affirmé que souligne un trait de contour. La couleur à son tour joue un rôle de premier plan, bien que réduite à deux dominantes : le bleu aux accents outremer pour le fond, qui contraste et fait ressortir le beige, teinté de brun, réservé aux personnages. La peinture est appliquée d’une manière très particulière à l’aide d’une touche pommelée qui permet les nuances et les dégradés. De nature exclusivement plastique, la lumière – ou plutôt l’éclairage – modèle les formes et participe de l’unité générale. En représentant ces deux êtres avec sobriété, Gromaire va à l’essentiel, il témoigne de leur grandeur et de sa profonde admiration à leur égard.

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