Synthèse plastique des mouvements d'une femme

Luigi RUSSOLO
1912
85,5 x 65 cm
Crédit photographique :
VILLE DE GRENOBLE / MUSÉE DE GRENOBLE-J.L. LACROIX
Acquisition :
Don de l'artiste en 1947

Voir sur navigart

Issu d’une famille de musiciens, Luigi Russolo s’adonne d’abord à la musique avant de se consacrer en autodidacte à la peinture. C’est à Milan en 1909 que l’artiste fait la connaissance de Carlo Carrà et Umberto Boccioni. S’inspirant des travaux divisionnistes de Gaetano Previati, il peint alors des compositions teintées de symbolisme. Souvenirs d’une nuit (1911), La Musique(1911) et Le Parfum (1922) disent son souhait d’exprimer par la peinture états d’âme et sensations, dans une perspective non plus visuelle mais synesthésique, fondée sur la mise en écho des sens. L’artiste signe en 1910 le Manifeste des Peintres futuristes tout comme le Manifeste Technique de la Peinture Futuriste et se joint au mouvement futuriste naissant réuni autour de la figure charismatique du poète Filippo Tommaso Marinetti. Glorifiant l’ère industrielle, le bruit, la machine et la modernité, tous déclament : « La splendeur du monde s’est enrichie d’une beauté nouvelle, la beauté de la vitesse. » C’est cette beauté qu’incarne Synthèse plastique des mouvements d’une femme. Il ne s’agit pas d’un portrait de femme au sens classique du terme. Entièrement décomposée, la figure n’est que tournoiement, spirale et rythme. Démultiplié, son corps dépasse les limites physiques du tableau pour donner la sensation du mouvement quand le bleu intense vient dissoudre la sensation d’espace. Nourri des développements récents de la chronophotographie d’Étienne-Jules Marey et d’Edward Muybridge, l’artiste joue de la répétition du chapeau et des chaussures à talons pour donner un aspect kaléisdoscopique au personnage. Le pas de danse esquissé n’est pas sans évoquer La Danseuse bleue (1912) de Gino Severini, ou encore la danse serpentine de Loïe Fuller, popularisée en Italie par le film titré Farfalle [Papillon]. Plus largement, Synthèse plastique des mouvements d’une femme incarne la poétique de l’élan vital, nouvelle conception de l’homme mise au jour par Henri Bergson. En 1913, Russolo abandonne momentanément la peinture pour la musique. Principal théoricien de la musique futuriste, l’artiste en publie le manifeste, L’Art des bruits, qui prône l’intégration des bruits de la ville dans le domaine artistique et illustre sa quête d’un art plurisensoriel, dépassant la peinture. Avec Dynamisme d’une automobile (1912-1913, Musée national d’art moderne / Centre Pompidou, Paris), Synthèse plastique des mouvements d’une femme est la seule œuvre de Russolo conservée dans les musées français.

Un autre regard

Découvrez également...