Hall

Isa GENZKEN
1987
232,5 x 113,8 x 60,9 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Achat à la Galerie Ghislaine Hussenot en 1989

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En 2007, Isa Genzken est choisie pour représenter l’Allemagne à la Biennale de Venise. La pièce installée dans le pavillon, Oil, assemblage d’objets hybrides et de matériaux contemporains, offre une image acerbe du mode de vie et de l’environnement urbains du XXIe siècle naissant. Son œuvre renouvelle le regard qu’avaient porté Richter, Polke et Lueg sur la société de consommation dans les années 60 avec le Réalisme capitaliste. Genzken étudie l’histoire de l’art et la philosophie, la photographie et les arts graphiques à Hambourg et Berlin, puis rejoint l’académie d’art de Düsseldorf. Séjournant souvent à New York, elle crée dans les années 70 des objets abstraits empreints de l’héritage de l’art minimal. À partir de 1983, ses sculptures en plâtre, évoquant l’intérieur d’une tête (impulsée par la reconstruction du Merzbau de Schwitters), évoluent vers des formes architecturales qui dialoguent avec les projets utopiques des constructivistes des années 20 (Architectones de Malévitch, Proun de Lissitzky).
En 1986, Genzken inaugure une série de sculptures en béton posées sur des piédestaux en acier. Les matériaux sont directement empruntés au monde de la construction et le processus de fabrication laissé apparent : des rainures horizontales irrégulières correspondent aux couches successives du béton coulé dans les moules en bois. Ajoutant à l’ambiguïté des œuvres, qui oscillent entre sculpture et maquette d’architecte, les titres, Salle, Corridor ou, comme ici, Hall, font référence à l’architecture par la seule présence d’un fragment. S’agissant de Hall (1987), des murs aveugles enserrent un espace vide qu’une unique ouverture étroite laisse entrevoir, la force plastique de l’œuvre tenant autant à la présence des murs massifs qu’à l’espace intérieur. Le haut piédestal élève quant à lui la sculpture au niveau de l’œil du spectateur, qui la découvre depuis un point de vue en contreplongée. Cette perspective confère à l’œuvre une monumentalité inattendue qui contraste, cependant, avec l’impression d’inachevé ou d’effritement due à la surface brute et cassante du béton, paradoxalement matériau moderne de la durée. Métaphore de l’Histoire, allusion au mur de Berlin ou ruine contemporaine, la sculpture d’Isa Genzken se veut le reflet d’une société qui se construit en édifiant les bases de sa propre destruction.

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