Un Taureau

Jan Baptist II KOBELL
XVIIe siècle
15,5 x 21,4 cm
Crédit photographique :
VILLE DE GRENOBLE / MUSÉE DE GRENOBLE-J.L. LACROIX
Acquisition :
Don Jean-Alexis Achard en 1877

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L’auteur du dessin, Jan Baptist II Kobell, est membre d’une grande famille de peintres, actifs entre la seconde partie du XVIIIe siècle et le début du XIXe siècle, et séparée en deux branches distinctes, l’une allemande et l’autre hollandaise. Les Kobell hollandais sont aujourd’hui bien moins connus que leurs cousins germaniques. Jan Baptist II est appelé le « Kobell d’Utrecht » pour le distinguer de son cousin germain Jan Baptist I Kobell, dit le « Kobell de Rotterdam, peintre de marines et de portraits ». Fils du peintre de marines Hendrik Kobell, Jan Baptist II grandit dans l’orphelinat des Jansénistes à Utrecht à la suite de la mort précoce de ses parents. Il le quitte en 1801. Van der Kellen rappelle qu’il peignait « comme témoignage de reconnaissance envers ses bienfaiteurs […] sur les tentures de la salle des régents ou administrateurs de l’orphelinat, des scènes de l’Ancien et du Nouveau Testament »[1].
Peintre, dessinateur et graveur, spécialisé dans les scènes animalières et les paysages, il entre dans la guilde des peintres d’Utrecht en 1805, après une première formation chez le peintre Willem Rutgaart van der Wall. Il décore aussi des faïences et des porcelaines de sujets animaliers mais ces oeuvres, citées par les sources, ne sont plus connues aujourd’hui.
Entre 1810 et 1812, Jan Baptist II séjourne à Paris et copie le fameux Jeune taureau de Potter conservé aujourd’hui au Mauritshuis[2] à La Haye. Deux dessins rehaussés de couleurs sont conservés au Teylers Museum à Haarlem et témoignent bien de cette admiration[3]. Cette passion pour Potter est partagée par d’autres artistes de sa génération comme Dasveldt (MG D 745). Le roi de Hollande entre 1806 et 1810, Louis Bonaparte, cite de manière élogieuse Kobell dans son roman à caractère autobiographique Marie ou les peines de l’Amour[4] et toutes les grandes collections accueillent ses oeuvres. En 1812, à la fin de son séjour français, Kobell reçoit pour un paysage avec animaux une médaille d’or au Salon.
Le Taureau est un bel exemple de son art qui se distingue tout particulièrement dans la représentation des bovins vus en pied. On trouve dans l’oeuvre gravé de Jan Baptist II – en tout douze pièces – une eau-forte très similaire intitulée Le Boeuf qui boit[5] et on peut aussi citer de nombreuses autres peintures de sa main[6]. L’artiste est très varié dans ses techniques : dans la feuille de Grenoble, il utilise la pierre noire, la sanguine et le lavis.
Le dessin fut donné en 1877 au musée de Grenoble par le célèbre paysagiste dauphinois Jean Achard. Cet ami de Boudin, de Jongkind et de Claude Monet, est un observateur précis de la nature et c’est sans doute le réalisme sans concession de ce dessin qui l’a intéressé.


[1] Van der Kellen, 1866-1873, p. 198. Les oeuvres sont datées de 1795 et 1798.
[2] Mauritshuis, Inv. 136.
[3] Schwartz, 2004, n°243-244, repr.
[4] Marie ou les peines de l’amour, vol. II, sans lieu, juin 1812, p. 336. Louis Bonaparte y mentionne Kobelt (sic) d’Utrecht, habile peintre de paysage et dit qu’il imite Potter.
[5] Van der Kellen, 1866-1873, p. 201, repr.
[6] Boeufs dans le pré, Amsterdam, Rijksmuseum, Inv. A. 1061.

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