La Renommée

Jean Guillaume MOITTE
XVIIIe siècle
16,3 x 13,2 cm
Crédit photographique :
VILLE DE GRENOBLE / MUSÉE DE GRENOBLE-J.L. LACROIX
Acquisition :
Achat à Paris en 1799 au moyen d'une souscription des Grenoblois

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Issu du premier fond du musée constitué au lendemain de la Révolution grâce à une souscription des grenoblois, ce dessin est une étude ou une interprétation d’après un modèle antique. Il fait partie du petit fond de dessins de sculpteurs que conservé le musée (Boichot, MG D 2549 et Pajou, MG 242).
D’un tracé rapide et nerveux, l’œuvre se singularise au sein du corpus de Moitte, qui nous est plus familier pour des compositions dessinées plus achevées. Gisela Gramaccini, qui a publié et étudié l’œuvre pour la première fois dans sa monographie consacrée à Moitte met en relation notre étude avec les bas-reliefs décoratifs réalisés par le sculpteur pour l’hôtel de Salm à Paris. Si les allégories, placées dans les écoinçons de l’entrée, sont en effet assez proches de la Renommée de notre dessin, elles ne présentent pas la même fougue et nous semblent issues d’une double méditation sur les reliefs antiques des arcs de triomphes de Rome et de la fontaine des Innocents de Jean Goujon.
L’association de la Renommée et des captifs qu’elle surmonte ne se retrouve pas à l’identique dans une réalisation précise de Moitte. Toutefois la figure isolée de la Renommée a été remployée à plusieurs reprises par l’artiste dans des compositions dessinées. A titre d’exemple, on notera une figure similaire placée dans Télémaque faisant un sacrifice à Minerve, l’un des dessins fournis par Moitte pour l’illustration des Aventures de Télémaque, fils d’Ulysse (1785) de Fénelon . Le modèle de la Renommée est également utilisé dans un grand dessin du Louvre illustrant Le Triomphe de Voltaire[1] .
Formé par Pigalle et Jean-Baptiste Lemoyne, Moitte obtient le Grand prix de sculpture en 1768 et effectue un séjour en Italie à l’Académie de France à Rome. Notre dessin est probablement issu de l’observation et de l’étude de l’Antique auquel le jeune artiste s’adonne comme nombre de ses contemporains[2] . Comme Boichot (MG D 2549), après la réalisation de diverses commandes privées, comme les sculptures de l’hôtel de Salm, avant la Révolution, Moitte participe à quelques-uns des grands projets de la Révolution et de l’Empire (décor du Panthéon et de la cour carré du Louvre).
Moitte procède comme la plupart de ses contemporains : le voyage italien et l’étude des antiques est l’occasion d’amasser un répertoire de modèles et de schémas de composition qui sont par la suite introduits, sous la forme de situation ou d’interprétation, dans des compositions originales.


[1] Inv. 31345, H. 62 ; L. 89.
[2] Le musée de Grenoble possède également une feuille d’étude avec trois vases antiques (MG D 1612, plume, encore brune et lavis brun, H. 17.8 ; L. 17) qui pourrait revenir à Moitte. Deux de ces vases se retrouvent à l’identique, étudiés sur des feuilles séparées dans le fonds des études de Moitte, conservé à l’Ecole nationale supérieure des beaux-arts de Paris (Inv. EBA 1276 et 1277).

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