Personnages dans des ruines

Christian Wilhelm Ernst DIETRICH
XVIIIe siècle
17,5 x 23,6 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Legs de M. Léonce Mesnard en 1890, entré au musée en 1902 (dessins devant être exposés sur des cadres tournant autour d'un pivot, n°251).

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Des promeneurs, voire des touristes, visitent les ruines d’un château. L’un d’entre eux s’est même allongé sur la crête d’un mur, dans une position qui rappelle celle du Gaulois mourant, la fameuse sculpture du Capitole. À droite, une bergère apparaît sous le porche de la forteresse.
Le dessin est conservé à Grenoble sous une attribution à Juan Montero de Rojas, caravagesque espagnol dont le nom était inscrit sur l’ancien montage du dessin, perdu aujourd’hui. L’inscription apposée au premier plan à droite de la feuille a amené Mesnard à l’attribuer à cet artiste espagnol : mais une confrontation avec les quelques oeuvres de cet artiste qui nous sont aujourd’hui connues ne permet aucunement d’y reconnaître sa main. Cette oeuvre, évoquant davantage l’art de Cornelis van Poelenburgh (MG D 695) ou d’Herman van Swanevelt (MG D 709 et MG D 1784), s’intègre mieux dans l’ensemble des dessins nordiques italianisants. Il semble, à notre avis, revenir plutôt à Dietrich, artiste saxon qui a travaillé, entre autres, dans le goût des Hollandais italianisants (voir MG D 1473). Le Wallraf-Richartz Museum à Cologne conserve un dessin de ruines attribué à cet artiste et très proche de celui étudié ici[1]. Les personnages, surtout, et leurs costumes, ainsi que la manière de dessiner les arcs par de petits traits parallèles et concentriques invitent à la comparaison et mettent en doute la traditionnelle datation de cette feuille au XVIIe siècle. Il existe aussi de nombreuses gravures d’après Dietrich représentant des ruines et des personnages similaires. Toutes ces oeuvres, datées, montrent que l’artiste les a dessinées longtemps après son retour d’Italie en 1744. Lors de ses promenades autour de Dresde, il a pu s’inspirer et rafraîchir sa mémoire par la vue des nombreuses ruines de châteaux longeant l’Elbe.
Dietrich n’a d’ailleurs pas uniquement marqué la peinture en Saxe dans la seconde partie du XVIIIe siècle : il a approfondi l’intérêt pour la peinture européenne par son rôle d’inspecteur de la Gemäldegalerie de Dresde. Il dirigeait aussi l’école de la manufacture de porcelaine de Meissen dans les années 1760 et la grande variété de ses décors s’appuie aussi sur ses connaissances riches et variées.


[1] Cat. exp. Rennes, 1994, n° 22, repr., Inv. 1936/141. Le dessin est annoté en haut à gauche : « D 1756 ».

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