Adoration des Mages

Célébré pour son « volante pennello » (Lazzari),
son « stile risoluto e vivace, forte coloritore e
compositore di macchina » bien que « pittore
pressoché ignoto alla storia, ma di un merito
singolare » (Lanzi), Filippo Bellini compte
parmi les artistes habituellement cités parmi les
suiveurs de Barocci.
Preuves d’un dynamisme professionnel au
service des confréries et des paroisses, et d’une
incontestable reconnaissance par ses contemporains,
les œuvres dévotes de Bellini sont disséminées
dans toute la région des Marches et
jusqu’en Romagne, à commencer par Urbino
(1576, Crucifixion, perdu, pour la Compagnia
del Corpus Domini, et encore en 1581/1582),
mais aussi Iesi, où il s’installe avec sa famille
avant 1585, et dont il sera reconnu citoyen en
1597, Ostra (entre 1591 et 1594), Ancona (en
1586 et à nouveau en 1600), Recanati (en 1592),
Loreto (en 1584 et 1597), Macerata (en 1604) et
Fabriano (entre 1598 et 1602). Il séjourna certainement
à Rome, en contact direct avec Federico
Zuccari, en 1584, comme le prouve une lettre
mentionnant « Filippo da Urbino che è stato
questi giorni a Roma, che veniva dallaMadonna
(di Loreto) dove ancora è tornato. » L’un de ses
plus beaux tableaux, la Stigmatisation de saint
François, se trouve à Faenza (Pinacoteca).
Malgré cette abondance, aucune de ces
peintures ne représente le sujet traité dans le
présent dessin, dont la composition est cependant
caractéristique de cette production d’église. Bellini est loin de la sensibilité florentine, dont il
avait pu voir un exemple dans la grande pala de
la Naissance de la Vierge par Santi di Tito (?), à
Sant’Angelo in Vado (S. Maria de’Servi), qui est
une œuvre tout en modération, faite d’intimisme
méditatif, contrastant avec la fébrilité, le réalisme
de décor, l’emphase des compositions de Bellini,
dont le projet de Grenoble est un bon exemple.
Bellini a une manière de dessiner qui le distingue
de celle de contemporains tout autant entraînés
aux exercices d’école sur les modèles de Barocci
et de Federico Zuccari, notamment Gian
Giacomo Pandolfi. À la fin de sa vie, Ph.
Pouncey, grand connaisseur des dessins de cette
génération, renonçant à distinguer le groupe de
dessins réunis de la main de ce dernier (mais dont il ne connaissait pas l’auteur, découvert
depuis) de celui de Bellini, qu’il avait pourtant
contribué à nourrir, s’était résolu à réunir la
documentation photographique des deux
artistes des Marches dans un même dossier, tant
leurs modes d’expression lui semblaient proches.
La culture syncrétique de Bellini ne se limite
pas là ; elle touche aussi à Muziano, à Calvaert,
à Agostino Carracci, et produit une nouvelle
expression de la maniera, qui retraduit autrement
le langage de Barocci, vidé, il faut le reconnaître,
de son pouvoir magnétique.
L’œuvre dessiné de Bellini est vaste et dispersé.
Aux soixante-trois feuilles repérées en 1975,
s’en ajoute une bonne quinzaine, réapparues
dans des musées,mais surtout sur le marché de
l’art ou dans des collections particulières,
comme l’étude pour un grand tableau d’autel
de la Résurrection du Christ. La
technique est celle du dessin de Grenoble,
habituelle chez Bellini.
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