Adoration des Mages

Filippo BELLINI
XVIe siècle
Plume et encre brune, lavis d'encre brune, sur un premier tracé à la pierre noire, sur papier beige collé en plein
29,4 x 21,5 cm
Crédit photographique :
VILLE DE GRENOBLE / MUSÉE DE GRENOBLE-J.L. LACROIX
Acquisition :
Legs de M. Léonce Mesnard en 1890, entré au musée en 1902 (lot 3551, n°1446)

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Célébré pour son « volante pennello » (Lazzari), son « stile risoluto e vivace, forte coloritore e compositore di macchina » bien que « pittore pressoché ignoto alla storia, ma di un merito singolare » (Lanzi), Filippo Bellini compte parmi les artistes habituellement cités parmi les suiveurs de Barocci.
Preuves d’un dynamisme professionnel au service des confréries et des paroisses, et d’une incontestable reconnaissance par ses contemporains, les œuvres dévotes de Bellini sont disséminées dans toute la région des Marches et jusqu’en Romagne, à commencer par Urbino (1576, Crucifixion, perdu, pour la Compagnia del Corpus Domini, et encore en 1581/1582), mais aussi Iesi, où il s’installe avec sa famille avant 1585, et dont il sera reconnu citoyen en 1597, Ostra (entre 1591 et 1594), Ancona (en 1586 et à nouveau en 1600), Recanati (en 1592), Loreto (en 1584 et 1597), Macerata (en 1604) et Fabriano (entre 1598 et 1602). Il séjourna certainement à Rome, en contact direct avec Federico Zuccari, en 1584, comme le prouve une lettre mentionnant « Filippo da Urbino che è stato questi giorni a Roma, che veniva dallaMadonna (di Loreto) dove ancora è tornato. » L’un de ses plus beaux tableaux, la Stigmatisation de saint François, se trouve à Faenza (Pinacoteca). Malgré cette abondance, aucune de ces peintures ne représente le sujet traité dans le présent dessin, dont la composition est cependant caractéristique de cette production d’église. Bellini est loin de la sensibilité florentine, dont il avait pu voir un exemple dans la grande pala de la Naissance de la Vierge par Santi di Tito (?), à Sant’Angelo in Vado (S. Maria de’Servi), qui est une œuvre tout en modération, faite d’intimisme méditatif, contrastant avec la fébrilité, le réalisme de décor, l’emphase des compositions de Bellini, dont le projet de Grenoble est un bon exemple. Bellini a une manière de dessiner qui le distingue de celle de contemporains tout autant entraînés aux exercices d’école sur les modèles de Barocci et de Federico Zuccari, notamment Gian Giacomo Pandolfi. À la fin de sa vie, Ph. Pouncey, grand connaisseur des dessins de cette génération, renonçant à distinguer le groupe de dessins réunis de la main de ce dernier (mais dont il ne connaissait pas l’auteur, découvert depuis) de celui de Bellini, qu’il avait pourtant contribué à nourrir, s’était résolu à réunir la documentation photographique des deux artistes des Marches dans un même dossier, tant leurs modes d’expression lui semblaient proches. La culture syncrétique de Bellini ne se limite pas là ; elle touche aussi à Muziano, à Calvaert, à Agostino Carracci, et produit une nouvelle expression de la maniera, qui retraduit autrement le langage de Barocci, vidé, il faut le reconnaître, de son pouvoir magnétique.
L’œuvre dessiné de Bellini est vaste et dispersé. Aux soixante-trois feuilles repérées en 1975, s’en ajoute une bonne quinzaine, réapparues dans des musées,mais surtout sur le marché de l’art ou dans des collections particulières, comme l’étude pour un grand tableau d’autel de la Résurrection du Christ. La technique est celle du dessin de Grenoble, habituelle chez Bellini.

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