Scène d'exécutions avec un paysage comprenant un château

Antoine CARON
XVIe siècle
Pierre noire, plume et encre brune, lavis d'encre brune sur papier vergé beige préparé
36,7 x 32,1 cm
Crédit photographique :
VILLE DE GRENOBLE / MUSÉE DE GRENOBLE-J.L. LACROIX
Acquisition :
Legs de Léonce Mesnard en 1890, entré au musée en 1902 (lot 3547, n°567).

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[Edit : depuis la rédaction de cette notice, Frédéric Hueber, dans son catalogue raisonné paru en 2018, rend ce dessin à Antoine Caron et précise qu'il s'agit d'un dessin des débuts du peintre, encore sous l'influence de Nicolò dell'Abate.]

« Caron doit au Rosso, au Primatice et à Nicolò dell’Abate dont il reflète le style et les sujets d’une manière parfois stéréotypée. Élégant, habile en dépit d’une certaine gaucherie à rendre la perspective, c’est le type du peintre de Cour avec le raffinement que suppose cet emploi. Son dessin, sec et agile, ses couleurs pimpantes, donnent beaucoup de charme à ses tableaux bourrés d’allusions contemporaines. Son art fortement italianisé reste très français par son goût marqué pour le dessin et la clarté de la composition ». Ces quelques lignes rédigées en 1960 par Sylvie Béguin résument avec une grande justesse les particularités de l’art d’Antoine Caron, l’un des principaux peintres et dessinateurs actifs en marge des Italiens de Fontainebleau dans les dernières années de la Renaissance en France. C’est également dans le même ouvrage que Sylvie Béguin publiait pour la première fois le dessin du musée de Grenoble qui portait alors une attribution erronée à « F. Dubois ».
D’un tracé léger et minutieux, la composition organisée en plans parallèles met en scène au milieu d’une foule de petits personnages en habits militaires, des scènes d’exécutions par décapitation. L’horreur de la scène est adoucie par l’élégance des figures disposées en groupes symétriques et l’accumulation des petits détails. Le tout fait penser à une scène de théâtre ou à un ballet. Toute la partie supérieure de la composition est dominée par un vaste paysage où l’espace est à la fois défini et ponctué par des constructions. La plus importante est un château placé au centre et précédé de ses jardins. Viennent ensuite de petits villages et un moulin. Cette manière de composer si particulière à Caron se retrouve dans les quelques peintures conservées de ce dernier, en particulier Le Massacre du Triumvirat et La Sibylle de Tibur (Paris, musée du Louvre).
Toutefois, comme le soulignait Sylvie Béguin, malgré tous ces indices, le dessin de Grenoble ne présente pas l’extrême qualité des dessins incontestables de Caron comme les célèbres suites graphiques de l’Histoire d’Artémise et de l’Histoire des rois de France (Paris, bibliothèque nationale et musée du Louvre). Le dessin est à situer dans l’entourage de Caron qui est encore très mal connu. Citons à titre d’exemple le Massacre du Triumvirat du musée de Beauvais[1] , jadis attribué à Caron et aujourd’hui proposé pour Giulio Camillo dell’Abate, le fils de Nicolò.
Le sujet, comme les nombreux massacres peints par Caron et son entourage, est un écho des massacres qui rythmaient alors les conflits entre protestants et catholiques et dont la France était coutumière au temps de Catherine de Médicis.


[1] Huile sur toile ; H. 142 ; L. 176. vers 1560. Beauvais, musée départemental de l’Oise. Anciennement attribué à Caron. L’attribution à Giulio Camillo a été proposée par Sylvie Béguin.

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