Vue du temple de Vénus et de Rome avec San Francesca Romana à l'arrière-plan

Jan Frans VAN BLOEMEN dit L'ORIZZONTE
XVIIe siècle
Pierre noire, lavis d'encre grise sur papier vergé crème
17,1 x 26,6 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Legs de M. Léonce Mesnard en 1890, entré au musée en 1902 (Lot 3548, n°1757)

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Attribuée à Bartholomeus Breenbergh depuis l’époque de son entrée au musée, cette feuille a été rejetée par Marcel Roethlisberger du catalogue de cet artiste. Elle nous paraît en fait revenir à Jan Frans van Bloemen. Elle constitue un ajout intéressant au petit corpus de ses dessins exécutés d’après nature. L’artiste flamand dessine ici une vue de la Ville éternelle, déployée en longueur autour du temple de Vénus. Van Bloemen travaille au pinceau et au lavis sur un dessin sous-jacent à la pierre noire et se montre très sensible aux effets de la lumière.
Deux dessins peuvent lui être comparés. Le Louvre conserve une Vue du palais des sénateurs[1], exécutée au lavis gris sur un dessin au graphite. Elle est préparatoire à une peinture qui se trouve au Fitzwilliam Museum à Cambridge[2]. Le temple de Vénus et de Rome, avec San Francesca Romana que l’on voit à l’arrière- plan, apparaît également sur un autre dessin conservé à Saint-Pétersbourg[3]. Cette oeuvre est signée et datée de 1695[4]. La silhouette de la ville se dessine à l’horizon alors qu’elle domine dans le dessin de Grenoble.
Van Bloemen a utilisé la feuille exposée ici pour peindre l’arrière-plan de sa Vedute reale di monumenti romani qui se trouvait en 1974 dans la collection Buffolo à Rome[5]. Busiri Vici date ce tableau de la fin des années 1730. Faut-il retenir cette date pour le dessin ou faut-il privilégier celle de 1695, visible sur l’oeuvre de Saint-Pétersbourg ? Nous pensons plutôt qu’il remonte à la fin du XVIIe siècle, et que l’artiste s’en est resservi, mais bien plus tard, pour sa peinture. Il est intéressant de noter que le musée de Grenoble possède une vue du même site, exécutée par Herman van Swanevelt (MG D 1785). L’artiste s’est placé à la hauteur de l’enclos entourant l’abside de San Francesca Romana. La technique de Swanevelt est cependant plus graphique, alors que le dessin au lavis de Van Bloemen paraît plus serein et plus équilibré, conforme au goût classique qui domine l’Europe à la fin du XVIIe siècle.


[1] Paris, Musée du Louvre, Inv. 19370.
[2] Cambridge, Fitzwilliam Museum, Inv. n°632.
[3] Saint-Pétersbourg, Musée de l’Ermitage, Inv. n°5864.
[4] Voir aussi Busiri Vici, 1975, n°8d.
[5] Voir Busiri Vici, 1974, n°223, repr.

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